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Éditorial

Un zeste de solidarité entre les générations

Éditorial | publié le : 01.12.2011 | Jean-Paul Coulange

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Un zeste de solidarité entre les générations

Crédit photo Jean-Paul Coulange

Que n’a-t-on entendu, jusque dans les rangs socialistes, sur le contrat de génération proposé par François Hollande pour lutter contre le chômage des jeunes ! Ce dispositif complexe, consistant à verser une aide pour le recrutement d’un jeune formé par un senior, lequel verrait ainsi son temps de travail réduit, serait trop coûteux : 8 milliards d’euros ; il serait inadapté à la réalité de l’entreprise, où les jeunes ne travaillent pas nécessairement au contact de seniors, lesquels n’ont pas obligatoirement envie de transmettre leur savoir, mais surtout de partir le plus vite possible en retraite ; il serait trop long (cinq ans)… Mais les contre-propositions n’ont guère de consistance, notamment celle de Martine Aubry, qui relooke en contrats d’avenir version 2012 ses emplois jeunes modèle 1997.

Cette nouvelle espèce de contrat intergénérationnel ne sort pourtant pas de nulle part. En 1995, les partenaires sociaux ont inventé l’allocation de remplacement pour l’emploi (Arpe), qui permettait à des seniors de partir avant 60 ans en préretraite en contrepartie d’embauches. En moins de dix ans, l’Arpe a bénéficié à plus de 200 000 personnes, dont 40 % de jeunes de moins de 26 ans, recrutés en quasi-totalité en CDI. Autre dispositif temporaire né dans les années 1990, la préretraite progressive (PRP), qui s’adressait à des salariés de 55 ans et plus, réduisant leur activité de moitié afin de permettre l’intégration de publics prioritaires (chômeurs de longue durée, RMistes, jeunes…), sur fond de transfert de compétences et de tutorat. La France n’a d’ailleurs pas l’apanage d’une telle ingénierie : l’Espagne dispose d’un contrato de relevo, qui n’est rien d’autre qu’un contrat nouvelle génération à la sauce ibère.

La proposition du candidat socialiste n’est évidemment pas la panacée contre le chômage des jeunes et l’éviction des seniors. Mais elle a le mérite de poser la question de la nécessaire solidarité entre les générations. Certes, objectera-t-on, la France a consolidé en 1993, 2003, 2010, puis 2011 son système de retraites par répartition, fondé sur la solidarité entre actifs et retraités. Mais les efforts demandés aux seconds sont tout relatifs. Les retraités continuent ainsi de bénéficier d’un taux de CSG allégé, alors que leur consommation de soins est par nature sensiblement supérieure à celle des actifs. Et la préservation de ce totem n’a pas été pour rien dans l’ajournement de la réforme de la dépendance. Autre exemple, le supplément de rigueur annoncé par François Fillon prévoit un changement de mode d’indexation des prestations sociales, dont l’augmentation sera désormais calée sur la croissance (quasi nulle) du PIB, alors que les retraites restent revalorisées sur l’évolution des prix. Ce serait tout à l’honneur des candidats à l’élection présidentielle que de songer à rétablir davantage d’équité, même si les tempes grisonnantes sont une force électorale montante, qui représentera un tiers de la population française en 2050.

Auteur

  • Jean-Paul Coulange