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Les caisses attendues au rendez-vous

Dossier | publié le : 01.12.2011 | S. G.

Dès 2012, les 45 ans et plus pourront solliciter un entretien individuel auprès de leur caisse. Les 37 régimes se préparent à un afflux.

Son nom a été fixé en septembre : l’entretien d’information retraite (EIR) devra être proposé par les 37 régimes français de retraite à leurs affiliés de 45 ans et plus à compter du 1er janvier 2012. C’est la troisième brique d’un « droit à l’information » institué par la réforme des retraites de 2003 et enrichi par celle de 2010. Après le relevé individuel de situation (RIS), envoyé tous les cinq ans aux assurés de 35 ans et plus, et l’estimation individuelle globale (EIG), expédiée chaque année aux assurés de 55 ans et plus, l’EIR doit aider les affiliés à évaluer le montant de leur pension future en fonction de leur âge de départ à la retraite. Pour prendre les bonnes décisions, avec toutes les cartes en main.

Contrairement au RIS et à l’EIG, qui sont des documents écrits (envoyés par courrier et consultables sur Internet), l’entretien d’information retraite est un entretien en face à face, pouvant durer une heure à une heure trente. « Nous avons déployé ce type d’entretien à grande échelle depuis trois ans, note Pierre Mayeur, directeur de la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav). De 1 000 diagnostics conseils personnalisés en 2009, nous sommes passés à 10 000 en 2010 et devrions terminer l’année 2011 autour de 30 000. » Cet entretien personnalisé n’est certes destiné qu’aux assurés de 55 ans et plus ayant déjà reçu leur estimation individuelle globale. Mais il donne une bonne vision des attentes des assurés. « Nous nous sommes rendu compte qu’ils ont du mal à ingérer toutes les informations contenues dans l’EIG, poursuit Pierre Mayeur. Un dialogue avec un conseiller spécialisé leur permet de mieux comprendre les enjeux de leur retraite. »

Ce dialogue n’aura lieu qu’à la demande de l’assuré, probablement trois à six semaines après sa demande. Vers quel âge ? Les avis sont partagés. Pierre Mayeur, de la Cnav, pense que la demande restera focalisée sur les assurés de 55 ans et plus, « à un moment où il est possible d’avoir une vision relativement claire de la retraite. Il est extrêmement difficile d’être prédictif face à un assuré de 45 ans, qui peut avoir des évolutions ou des accidents de carrière importants durant les vingt ans à venir ».

En amont de la période de préliquidation. Directeur de cabinet du directeur du GIE Agirc-Arrco (qui gère les régimes complémentaires des salariés et des cadres du secteur privé), Pierre Chaperon considère, au contraire, que l’EIR est novateur à double titre : « Parce que c’est un entretien individuel et parce qu’il est proposé dès l’âge de 45 ans. Nous souhaitons être très présents auprès de cette population des 45-55 ans pour sortir de la logique actuelle d’information essentiellement centrée autour de la période de préliquidation de la retraite. Sans être véritablement prédictif, on peut conseiller les salariés dès 45 ans et les aider à envisager des solutions auxquelles ils n’auraient pas forcément pensé : le rachat des cotisations risquant de manquer en cas d’entrée tardive dans la vie active, le mariage pour bénéficier de la pension de réversion de son conjoint (car les régimes de retraite ne reconnaissent ni le concubinage ni le Pacs), le passage à temps partiel en fin de carrière, etc. »

Réponse courant 2012 : c’est en effet à l’usage que l’on découvrira le nombre de demandes d’entretien et le profil des demandeurs. Il y a néanmoins fort à parier que le véritable coup d’envoi de l’entretien d’information retraite ne sera pas donné le 1er janvier 2012 (date de son lancement officiel), mais à l’automne suivant, quand, suite à la première vague d’envoi des relevés individuels de situation (RIS) et d’estimations individuelles globales (EIG), leurs destinataires seront informés de la possibilité qui leur est donnée de solliciter un entretien personnalisé.

Difficile dans ces conditions de se mettre en ordre de bataille pour répondre à une demande impossible à évaluer. On peut toutefois dire que la Cnav et l’Agirc-Arrco, qui gèrent la retraite des 17 millions de salariés du secteur privé, ont une longueur d’avance : parce qu’ils ont déjà l’expérience des entretiens individuels et, surtout, parce qu’ils peuvent s’appuyer sur un réseau d’agences de proximité, avec des conseillers maîtrisant l’exercice.

Sur les 3 800 techniciens conseils de la Cnav, près de 420 ont été formés à l’entretien individuel. Un entretien qui requiert une solide expertise : avant le rendez-vous, le conseiller doit étudier le RIS de l’assuré et lui demander d’apporter, le cas échéant, des informations complémentaires. Ensuite, durant les soixante à quatre-vingt-dix minutes de l’entretien, il doit être capable de répondre à toutes les questions d’un assuré (ou d’un couple d’assurés) qui a pu cotiser à plusieurs régimes, travailler à l’étranger, avoir une situation familiale complexe… « Les cas les plus simples n’ont pas vraiment besoin d’entretien individuel, sourit Pierre Chaperon. Nos conseillers ont plutôt affaire aux cas les plus compliqués ! » En marge de l’EIR, le GIE Agirc-Arrco envisage, du reste, de proposer des entretiens individuels aux assurés de tous âges dès lors qu’ils ont des projets d’expatriation ou de divorce.

Les 35 autres régimes de retraite – ceux des fonctionnaires, des travailleurs non salariés et des agriculteurs – risquent d’avoir davantage de difficultés à se plier à l’exercice. « La CNRACL sera, bien entendu, présente au rendez-vous fixé par le législateur dans le cadre du déploiement de l’entretien d’information retraite, répond-on à la Caisse nationale de retraites des agents des collectivités locales (qui gère le régime de base des agents titulaires des fonctions publiques territoriales et hospitalières). Nous sommes en train d’identifier les attentes des actifs en menant des entretiens auprès de quelques employeurs. Puis nous organiserons la programmation des entretiens en fonction des demandes. » Tous les régimes ne font pas preuve de la même bonne volonté : certains ne savent tout simplement pas comment prendre en charge ce type de demande alors qu’ils n’ont pas d’agences en régions.

Auront-ils vraiment besoin de se mobiliser ? Pierre Mayeur en doute : considérant que 97 % des travailleurs et plus de 80 % des retraités français sont, à un moment ou à un autre, passés par le régime général, il est convaincu que le régime obligatoire de la Cnav et les complémentaires Agirc-Arrco seront « en position de force pour rendre un service d’information unifié à l’ensemble des assurés ». Réponse courant 2012…

Auteur

  • S. G.