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Diète en vue, aussi, pour les fonctionnaires européens

Actu | Veille | publié le : 01.12.2011 | Peggy Corlin

Les états exigent de Bruxelles des économies de fonctionnement. Mais les troupes renâclent.

Contractuels et titulaires, secrétaires, ­assistants, administrateurs… Des centaines de fonctionnaires européens sont rassemblés, ce 9 novembre, dans le grand hall du Berlaymont, le bâtiment central de la Commission européenne, à Bruxelles. Ils ont répondu à l’appel de l’intersyndicale de la fonction publique européenne qui, depuis plusieurs semaines, négocie la révision de leurs conditions de travail. Au micro, Cristiano Sebastiani, leader du syndicat ma­joritaire, se félicite de l’affluence : « Notre présence est la meilleure réponse à ceux qui pensent que l’on peut tout faire sans que le personnel ne réagisse. Dans cette phase politique terrible, la Commission ne doit pas s’engager dans une réorganisation qu’elle pourrait regretter. »

En juin, sous la pression des 27 états membres de l’UE, l’exécutif européen a proposé de réviser le statut et le calcul des salaires de ses fonctionnaires. Crise économique oblige, il s’agit de les mettre à la diète. La Commission propose une réduction de 5 % des effectifs, le passage de 37 à 40 heures de travail hebdomadaire sans compensation salariale, la promotion au mérite et non à l’ancienneté et le passage de l’âge de départ à la retraite de 63 à 65 ans.

Derrière ces mesures d’économies, les intéressés s’inquiètent d’un démantèlement de la fonction publique européenne, qui accélérerait la crise du projet européen. « Le temps de travail n’est pas la question. Beaucoup font déjà plus de 40 heures par semaine. Le problème porte sur la volonté de contractualiser davantage la fonction publique et de rogner sur certains avantages, au risque de rendre notre statut moins attractif », explique Georges Vlandas, représentant syndical. Pour attirer l’élite – des surdiplômés parlant au moins trois langues –, il faut pouvoir proposer des conditions plus avantageuses que dans le privé. Selon les syndicats, il y a déjà 44 % de contractuels dans l’institution. La réforme risque d’en augmenter le nombre. Au premier rang, pressé contre l’estrade, un groupe de secrétaires bouillonne. La Commission menace de contractualiser leurs postes. « Les médias disent que les secrétaires gagnent 9000 euros par mois. Trouvez-m’en une seule et je vous tire mon chapeau ! » s’étrangle l’une d’entre elles.

À la Commission, les traitements de base vont de 2 300 euros, pour un nouvel arrivant de grade 1, à 16 000 euros pour une personne du grade le plus élevé avec quatre ans d’ancienneté. Un plafond dépassé par les commissaires européens. En sus, les fonctionnaires bénéficient d’importantes allocations familiales et d’une prime d’expatriation de 16 %, que la Commission menace de supprimer après cinq ans d’ancienneté. Un coup de rabot dénoncé par les fonctionnaires. « Vivre à l’étranger, ça se monnaie », défend Nicolas, 30 ans, qui propose de garder la prime les « quinze premières années pour laisser le temps de s’intégrer ». En poste depuis deux ans, celui-ci accepte, en revanche, de voir passer de 4 % à 6 % le prélèvement dit « de crise » mis en place en 2004. Une taxe qu’il paie en plus de l’impôt européen – de 8 à 45 % du revenu – destiné au budget de l’Union européenne et des 12 % de cotisation pour la retraite et la maladie.

En ligne de mire, enfin, le système d’indexation automatique des salaires, dont les états demandent la suppression. En plus d’un gel des rémunérations pour 2011. La partie s’annonce serrée. La Commission doit manœuvrer entre des fonctionnaires menaçant de se mettre en grève et des états qui, avec le Parlement européen, auront le dernier mot sur ses propositions.

Auteur

  • Peggy Corlin