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Idées

Le sens du travail à l’ère numérique

Idées | Livres | publié le : 01.11.2011 | Jean Mercier

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Le sens du travail à l’ère numérique

Crédit photo Jean Mercier

Le constat du passage de notre société à un nouveau modèle de développement fondé sur l’économie de la connaissance a un rapport direct avec les bouleversements que connaît le monde du travail depuis une quarantaine d’années. Car cette mutation, estime Roger Sue, « transforme irrésistiblement la condition salariale en posant la question de ce que travailler veut dire à l’heure de la robotique et du numérique ». Le sociologue constate que les espoirs suscités par cette évolution tardent à se concrétiser, du fait d’une contradiction majeure « entre les nouvelles forces productives de la connaissance et d’anciens rapports de production et de pouvoir qui leur résistent ». Fondée sur la créativité et l’originalité, cette révolution remet en cause notre approche de l’éducation et de sa traduction méritocratique, le diplôme, rencontrant de ce fait une forte résistance chez ceux dont la position de domination sociale s’est construite grâce à ce pilier sociétal. Une deuxième question soulevée par ce vaste mouvement de transformation est celle de la nature du travail. Que veut dire travailler dans le nouveau type d’économie qui est en train d’émerger ? La performance au travail ne cesse de se rapprocher de la « performance » de l’artiste : elle demande implication totale de la personne, intelligence des situations, innovation… « Dans le cadre d’une définition aussi qualitative, le temps de présence, la durée du travail ne peuvent plus être des critères de la performance ni de l’appréciation du résultat », affirme l’auteur. Ce grand changement pose un troisième défi : celui du contrôle de la dépense publique. Roger Sue constate que la poursuite de la croissance après les Trente Glorieuses « doit beaucoup aux paradis artificiels (et fiscaux) de l’endettement et à l’augmentation continue des dépenses publiques », mais que les drogues de l’État providence n’ont pas pour autant prémuni les pays développés contre l’aggravation du sous-emploi, du chômage et de la précarité. Cela ne peut plus passer à ses yeux qu’au travers du « secteur quaternaire ». Une condition reste à réaliser pour faire jouer un rôle moteur aux associations : une politique volontariste d’encouragement au volontariat. L’ouvrage se termine sur la vision optimiste d’une démocratie du quotidien reposant sur l’essor et la reconnaissance de l’« associationnisme ». Ambition que l’on peut juger utopique mais qui ne remet pas en cause le caractère éclairant de la réflexion de laquelle elle est née.

Sommes-nous vraiment prêts à changer ? Le social au cœur de l’économie, Roger Sue. Éditions LLL . 250 pages, 19 euros.

Auteur

  • Jean Mercier