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Les DRH auraient-ils perdu leur voix ?

Éditorial | publié le : 01.11.2011 |

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Les DRH auraient-ils perdu leur voix ?

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Voilà un « coup de gueule » qui méritait d’être relayé. Dans le dernier numéro de la revue de l’Association nationale des DRH, Personnel*, un éminent spécialiste de la discipline, Charles-Henri Besseyre des Horts, s’« indigne » que les ressources humaines aient disparu des enseignements de base des business schools – à commencer par celle où il enseigne, HEC Paris – et ne soient plus au programme de la plupart des MBA, hormis à Stanford. La GRH, déplore-t-il, est la seule grande science de gestion qui ne fasse plus partie des core courses, ou alors sous la forme d’un ersatz cantonné à l’art de la motivation et à celui du leadership. Résultat, les futurs managers ne sont plus formés à la GRH, alors qu’il s’agit d’une fonction majeure de l’entreprise. Pour le professeur de HEC, les responsables de programmes incriminés sont coupables d’aveuglement en ne répondant pas aux besoins de leurs clients, les chefs d’entreprise, qui demandent, à tout le moins, une sensibilisation aux RH pour leurs futures recrues.

Ce faisant, il n’est pas dupe. À l’heure où l’on prêche dans bon nombre de rapports annuels et de discours de marque employeur que le capital humain est le principal actif de l’entreprise, force est de constater que la fonction RH perd de son lustre. « Les DRH ne sont pas encore des partenaires stratégiques », conclut ainsi l’enquête Mercer publiée en juillet dernier et réalisée auprès de 500 DRH dans 40 pays. En France, ajoute-t-elle, les DRH se considèrent à 85 % comme des business partners – traduire des gens qui comptent et qui pèsent dans les cercles de pouvoir – contre 73 % dans les autres pays, mais essentiellement parce qu’ils participent aux échanges sur la stratégie de l’entreprise au sein de leur comité de direction ou de leur comité exécutif. Tandis que dans le reste du monde ils se reconnaissent comme tels parce qu’ils pensent avoir un impact positif sur le business, par leur activité. La nuance est de taille.

Dans le baromètre annuel de la fonction RH que vous pouvez découvrir ce mois-ci dans nos colonnes (page 73), les 100 DRH européens interrogés par TNS Sofres pour le compte de Liaisons sociales et CSC ne disent pas autre chose. Ils déclarent consacrer bien davantage de temps à l’appui des managers, à l’écoute des collaborateurs ou à la gestion administrative de leur personnel qu’aux questions stratégiques. Et reconnaissent que la fonction RH est davantage évaluée par la direction générale sur sa réactivité ou son efficacité dans la gestion administrative que sur la prise en compte des dimensions RH dans les projets stratégiques de l’entreprise. Autant il faut se féliciter que les DRH soient désormais admis dans le saint des saints, autant il faut bien admettre qu’il ne suffit pas que le patron des ressources humaines soit présent au sein du comité de direction ou du comité exécutif. Encore faut-il que sa voix y porte.

Personnel, n° 523, octobre 2011.