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Idées

Les sociologues au travail

Idées | Livres | publié le : 01.10.2011 |

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Les sociologues au travail

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La sociologie du travail a tenu une place à part après-guerre. Son influence se mesure, notamment dans les années 70, par la « starisation » dont va faire l’objet un de ses illustres représentants, Alain Touraine. Aujourd’hui, elle semble avoir perdu le goût des modes d’explication globaux et des synthèses généralistes et s’est davantage ancrée dans l’entreprise. C’est ce cheminement que retrace Lucie Tanguy. Le moment fondateur fut l’année 1951, quand le ministère du Travail décida de créer une institution d’enseignement et de recherche en sciences sociales du travail. Au milieu des années 50, le CNRS abrite déjà ceux qui vont marquer les années à venir : Friedmann, l’homme du travail en miettes; Reynaud, le théoricien des relations du travail ; Touraine, l’analyste de la conscience ouvrière ; Crozier, le décrypteur du phénomène bureaucratique. « Pour cette génération, note l’auteure, le travail est perçu comme la matrice des faits sociaux. » Ces chercheurs vont être les artisans d’une sociologie empirique accordant une large place à la statistique et à la méthode comparative. Dans les années 60, ils se targuent de participer à la modernisation de la France. Avec l’arrivée de la gauche au pouvoir, la sociologie du travail « se voit assigner une fonction singulière : assurer les liens entre les politiques industrielles promues et les principaux acteurs de leur mise en place, dirigeants d’entreprise et syndicats ». Les chercheurs deviennent des « experts ». La discipline va laisser place à l’affirmation d’une sociologie de l’entreprise qui a pour ambition de proposer des solutions pratiques à des problèmes sociaux plus que des théories du changement social.

La Sociologie du travail en France. Enquête sur le travail des sociologues, 1950-1990, Lucie Tanguy. Éditions La Découverte. 268 pages, 20 euros.