logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Enquête

La préfecture de Nanterre sens dessus dessous

Enquête | publié le : 01.10.2011 | Stéphane Béchaux

Nouvelles méthodes, services fusionnés, missions transformées… Les troupes amaigries du corps préfectoral des Hauts-de-Seine subissent de plein fouet les vagues de la RGPP. Et essaient de faire face.

Salle pleine, longues files d’attente… À Nanterre comme dans toutes les préfectures franciliennes, le service des étrangers ne désemplit pas. « On est de moins en moins nombreux pour recevoir de plus en plus de gens. On fait de l’abattage », déplore l’un des agents d’accueil. L’an dernier, la préfecture des Hauts-de-Seine a délivré 36 992 titres de séjour, soit 12 % de plus qu’en 2009. Et la quarantaine de salariés du service craint de vivre des jours plus difficiles encore au printemps, lors de la mise en place d’Agdref 2. Une nouvelle application, en test en Moselle et dans l’Essonne, qui permettra de délivrer des titres de séjour biométriques. Leurs inquiétudes n’ont rien d’exagéré. Voilà deux ans, leurs collègues des cartes grises ont vécu l’enfer lors de la mise en place du nouveau système d’immatriculation des véhicules, marquée par des plantages informatiques en pagaille.

« Au rez-de-chaussée, tous les services de guichet sont à flux tendu. Les agents en contact avec le public souffrent. Mais dans les étages on n’a pas atteint cette situation critique », affirme Éric Barbier, numéro deux du syndicat autonome Sapacmi. La totalité des services est néanmoins touchée par les réductions de personnel, à l’occasion des mobilités ou des départs à la retraite. Pour preuve, la préfecture de Nanterre, y compris les sous-préfectures d’Antony et de Boulogne-Billancourt, ne compte plus que 606 agents, soit 15 % de moins qu’en 2005. Parmi ceux-ci, une quarantaine ont dû déménager à l’automne dernier, à l’intérieur du centre administratif départemental. Toujours rattachés au corps préfectoral, ils travaillent désormais au sein des structures interministérielles (unités territoriales ou directions départementales) mises en place en juillet 2010 dans le cadre de la réorganisation territoriale de l’État.

Des missions de moins en moins stratégiques. « Les préfectures de département deviennent des sous-préfectures de région. Hormis la responsabilité de l’ordre public, tout se décide désormais à l’échelon régional », déplore Christine Marot, secrétaire générale de FO Préfectures. Une concentration qui, par ricochet, fragilise les sous-préfectures, dont les missions sont de moins en moins stratégiques. La cinquantaine d’agents employés à Boulogne-Billancourt peuvent en témoigner : leur sous-préfecture va perdre son statut pour être transformée en simple « maison de l’État » chargée d’accueillir le public. Anxiogène et démoralisant pour les équipes, qui ont vu leurs effectifs fondre et vont devoir déménager.

Pour optimiser l’affectation des troupes amaigries, Nanterre développe la polyvalence. Au printemps, les services des cartes grises et des permis de conduire ont fusionné. Tout comme ceux chargés des passeports et des cartes nationales d’identité. « Compte tenu des sous-effectifs, c’est compliqué à mettre en place. Il faut réussir à former les agents, qui ne sont pas immédiatement opérationnels », explique Mireille Nita-Comlar, déléguée FO, premier syndicat dans la maison. Des réorganisations qui s’accompagnent d’une remise à plat des méthodes de travail. Sous l’impulsion du ministère de l’Intérieur, toutes les préfectures hexagonales ont été priées de se convertir à la méthode lean. « On s’est largement inspirés des méthodes du privé. On a passé au peigne fin tous les process pour éliminer les tâches sans valeur ajoutée. Comme ces changements peuvent être perturbants pour les agents, on a accompagné individuellement ces derniers avec les services RH », explique Didier Montchamp, le secrétaire général de la préfecture de Nanterre.

Bousculés par la RGPP, les fonctionnaires du corps préfectoral des Hauts-de-Seine peuvent au moins compter sur la qualité du dialogue social local. « On essaie de s’arranger avec les décisions qui viennent d’en haut. Le préfet a, par exemple, reçu la totalité des agents affectés en unité territoriale ou en direction départementale interministérielle », illustre Éric Barbier. « Ici, le dialogue social n’est pas mauvais, même si on ne peut pas lutter contre le rouleau compresseur de la RGPP », confirme Mireille Nita-Comlar. Au cours des cinq dernières années, les arrêts de travail ont augmenté, avec un pic en 2009. Preuve que les difficultés ne sont pas tues, une cellule de veille sur les risques psychosociaux vient tout juste d’être mise en place.

Auteur

  • Stéphane Béchaux