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Métropoles

Trois chantiers d’entreprises à suivre…

Métropoles | publié le : 01.09.2011 |

Harmonisation des statuts, gestion prévisionnelle des compétences, plan social : de la chimie à la santé en passant par l’automobile, les grands travaux de trois gros employeurs locaux.

CHU, Safran, First Aquitaine Industries, trois employeurs emblématiques de l’agglomération bordelaise. Et trois gros chantiers en cours dans le domaine des RH.

Le rachat de la SME par Safran

Deux entreprises voisines, Snecma Propulsion Solide (SPS), du groupe Safran, installé au Haillan, et la Société des matériaux énergétiques (SME), implantée à Saint-Médard-en-Jalles ; deux conventions collectives différentes, la métallurgie pour la première, la chimie pour la seconde. Une forte présence syndicale, SUD compris. Bref, un joli cas d’école pour la fusion en cours entre SPS et SME. Un projet vieux d’une dizaine d’années, plus connu sous le nom de code H, comme Herakles. Mais le mariage annoncé depuis des lustres s’est résumé au rachat pur et simple, début avril 2011, de la SNPE, maison mère de la SME, par Safran, afin de constituer un opérateur unique sur le créneau des combustibles pour les fusées Ariane et autres missiles embarqués.

Avec les filiales et les labos de recherche installés en Ile-de-France, la future société, qui sera créée fin 2011, emploiera 2 300 personnes. Pour autant, les syndicats ne redoutent pas de casse sociale entre les deux sociétés aux activités complémentaires. Le patron du projet Herakles, Philippe Schleicher, par ailleurs P-DG de la SME, a donné des garanties en matière de maintien de l’emploi. Le développement du marché du combustible propergol et les départs à la retraite attendus dans les deux sociétés feront le reste. Sans oublier la proximité géographique des deux sites du Haillan et de Saint-Médard-en-Jalles, distants de 5 kilomètres, qui permettra de faire jouer la mobilité en cas de besoin. Même si des doublons apparaîtront au niveau des fonctions support, voire de la R & D.

Reste que le chantier d’harmonisation des deux statuts SPS et SME, qui va s’engager à la rentrée, est énorme. « C’est un projet qui a du sens, entre deux sociétés qui ont une tradition et un socle social de bon niveau », résume Jean-Marc­Arnould, ex-DRH de la SNPE, chargé de porter la fusion sur les fonts baptismaux, côté RH. Même analyse chez Jean-Marc Lavoix et Jean-Pierre Vaganego, respectivement coordinateur CFDT de SPS et secrétaire CFDT du CCE de la SME. « Les accords collectifs des deux entreprises sont nettement supérieurs aux conventions collectives », reconnaît ce dernier. Les points de vigilance porteront sur les « petites différences » entre les deux CCN, par exemple les indemnités de départ à la retraite et de licenciement, ou encore les salaires, avec un régime d’augmentation générale identique entre cadres et non-cadres dans la chimie alors que la métallurgie ne prévoit pas d’augmentation générale pour les cadres.

Jean-Marc Arnould veut donner du temps à la négociation. « L’accord sera signé quand tout le monde aura trouvé sa place et sa classification. » Reste une inconnue : l’attitude du syndicat SUD, majoritaire au CE de la SME, et présent chez SPS (20 % des voix aux dernières élections de 2010), où la CGT, très revendicative, est majori­taire avec 40 % des suffrages.

Le projet social du CHU

Attractivité, fidélisation. Ce sont les deux marqueurs de Joël Berque, le DRH du CHU de Bordeaux. « En Gironde, la concurrence avec le secteur privé est réelle. D’où l’importance de notre plan RH. » Le projet d’établissement dont vient de se doter ce mastodonte (trois groupes hospitaliers, à Bordeaux et dans sa périphérie, employant un total de 14 000 personnes) pour la période 2011-2015 comporte un copieux volet social avec un effort tout particulier sur la qualité de vie au travail, les crèches pour les enfants du personnel, la restauration collective ou encore les trajets domicile-travail. Mais c’est la gestion prévisionnelle des métiers et des compétences qui a fait l’objet de toutes les attentions.

Le CHU a pointé sept métiers sensibles parmi les 200 représentés dans ses effectifs. Mais les tensions concernent surtout les aides soignantes et les infirmières. Les hôpitaux bordelais recrutent bon an mal an environ 300 infirmières, 10 % des effectifs (3 300), en raison de ce que Joël Berque appelle « un certain nomadisme ». Et les perspectives ne sont guère réjouissantes. Selon une étude réalisée cette année par Cap Métiers, la Gironde aura besoin de 3 000 infirmières d’ici à cinq ans, et l’Aquitaine de 4 700. « Nous savons que le marché va se tendre », poursuit le DRH.

Pour compliquer la donne, la tarification à l’activité contraint les hôpitaux à une gestion serrée. « Mais nous ne sommes pas dans une logique de réduction de personnel », souligne le DRH. À défaut de pouvoir rivaliser avec les salaires proposés par l’hospitalisation privée, le CHU, qui emploie 600 infirmières de moins de 30 ans, offre des conditions de temps partiel assez favorables (80 % payés 86 %). Mais la gestion du personnel infirmier se heurte à d’autres obstacles : le souhait de plus en plus de professionnels travaillant la nuit de passer de jour, sous le régime des douze heures d’affilée. J.-P.C.

Le méga-PSE de First Aquitaine Industries

Happy end pour le site de Blanquefort ! Après avoir vendu l’unité de production de boîtes de vitesses automatiques au groupe allemand HZ, le constructeur américain a finalement décidé, au prix d’un intense lobbying politique, de récupérer le bébé fin 2010 et d’y maintenir 1000 emplois. Sans licenciements. À charge pour le DRH de First Aquitaine Industries, Philippe Harrewyn (voir portrait page 44), de ramener l’effectif de 1 500 à 1 000 personnes.

Au terme de 16 ou 17 réunions avec le comité d’entreprise, « dont certaines extrêmement houleuses », le PSE (336 postes) a été bouclé mi-avril. Il s’appuie en grande partie sur les préretraites, proposées à tous les salariés âgés de 55 ans et plus au 31 décembre 2010, dispositif qui sera étendu à tous ceux qui auront atteint 55 ans en 2011, soit un public éligible d’environ 350 salariés. À la fin du premier semestre, 228 salariés avaient déjà signé, et une quarantaine de départs volontaires ont été enregistrés.

Mais le DRH doit également accompagner la mise en œuvre du projet de reconversion industrielle du site. La production des deux sortes de boîtes de vitesses actuellement fabriquées à Blanquefort s’arrêtera en effet en septembre et en novembre. Plusieurs programmes vont progressivement prendre le relais jusqu’en 2013, l’usinage de pièces pour le nouveau moteur Fox de Ford, la fabrication de racks de transport de pièces, mais surtout la production d’une grosse boîte de vitesses automatique, qui devait être assurée par la Chine et que Ford a décidé de confier à la France. « Il va y avoir une phase de près de deux ans avec des périodes de travail, de formation et d’inactivité, ces dernières couvertes par un plan de chômage partiel et une allocation partielle de longue durée [APLD] », explique Philippe Harrewyn.

En contrepartie de l’investissement de 150 millions d’euros réalisé par Ford, le constructeur américain a exigé une baisse de 10 % des coûts fixes sur trois ans, qui se traduira notamment par une hausse générale des salaires limitée à 1 % pendant trois ans. « Il s’agit de faire comprendre à la communauté qu’un travail de qualité est assuré pour de nombreuses années en échange de sacrifices », explique Philippe Harrewyn, qui rappelle que l’APLD représente un effort de l’État de 8 millions d’euros, tandis que le plan de formation s’élève à 2 millions d’euros. Le DRH de FAI a bon espoir de « reconstruire la confiance » avec le personnel et avec les organisations syndicales, qui ne signaient pra­tiquement plus rien depuis trois ans. GPEC, égalité hommes-femmes, pénibilité, participation…, Philippe Harrewyn a du pain sur la planche. J.-P.C.

Des cercles qui ne se rencontrent pas

Même si les universités girondines proposent un panel de formations de troisième cycle dédiées aux RH, Bordeaux n’est pas à proprement parler une place forte dans les ressources humaines. D’ailleurs, la grande école de commerce bordelaise, Bordeaux École de management, n’en a pas fait l’une de ses spécialités. L’une des explications tient au tissu économique local, largement composé de PME-PMI, où la fonction n’est guère présente. « Elles investissent surtout dans leur cœur de métier, et pas dans les fonctions support », explique Vincent Freyre, le DRH de Ceva Santé animale, spécialisé dans la fabrication de médicaments vétérinaires, qui préside l’ANDRH Aquitaine.

Il n’empêche qu’à l’échelon régional son groupe compte 130 adhérents répartis entre Bordeaux, Pau, Biarritz et Bayonne. Il a organisé une étape du Tour de France de l’ANDRH en 2010 et mène des opérations communes avec le CJD de Bordeaux-Gironde. Autre réseau local actif, celui des anciens du master GRH de l’IAE de Bordeaux, qui ont créé leur propre association, baptisée Nouvelle Gestion des ressources humaines et forte d’une centaine d’adhérents. « Un tiers proviennent de la fonction RH, un tiers du monde du consulting et un tiers d’étudiants dans la filière ou de professionnels en transition », indique le président de NGRH, Yves-Marie Valladon, un professionnel des RH devenu consultant. NGRH entend favoriser l’échange de bonnes pratiques. Un nouveau réseau est également apparu en 2010 dans l’univers girondin des ressources humaines, le club RH de Pôle emploi, animé par Maryse Dagnicourt-Nissant, directrice régionale de Pôle emploi Aquitaine. Déclinaison régionale de la structure nationale lancée à l’été 2010, le club vise une centaine d’adhérents, d’entreprises de toutes tailles et de tous secteurs. C’est, selon la patronne de Pôle emploi Aquitaine, cette diversité qui suscite l’intérêt des participants à ses réunions thématiques. Enfin, les DRH des grandes sociétés aéronautiques Thales, Astrium, Sabena Technics ou Snecma Propulsion Solide adhérentes de l’association Bordeaux Aquitaine Aéronautique et Spatial fondée au début des années 80 échangent régulièrement sur leurs problèmes de formation ou de recrutement. Sinon, les RH ne se mélangent guère, entre le monde de l’aéronautique civile et militaire, le reste du secteur privé et la sphère publique (CHU, Communauté urbaine ou conseil général de Gironde).