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Métropoles

Dix figures bordelaises de l’emploi et du social

Métropoles | publié le : 01.09.2011 |

Universitaires, dirigeants, avocats, syndicalistes…, par leur engagement et leur action, ils contribuent au dynamisme de la métropole aquitaine.

FABIENNE ROGER, DIRECTRICE RÉGIONALE DE L’AFPA
Innovatrice en formation

Elle est l’une des rares femmes à la tête d’une direction régionale de l’Afpa forte de 300 personnes. Pas question pour autant d’adopter escarpins et tailleur. Silhouette longiligne et cheveux de lionne, Fabienne Roger, 51 ans, docteur en psychosociologie, conserve son style décontracté, tout comme sa liberté de ton. L’Afpa ? « Une machine lourde », reconnaît-elle, qui doit relever un défi, celui de « passer du paquebot au hors-bord ». Pour y parvenir, il faut jouer l’innovation : « Nous devons avoir un temps d’avance », martèle-t-elle. Ce ne sont pas des paroles en l’air. À son actif : sur le campus Afpa de Pau, une plate-forme isolation thermique a vu le jour. « Nous avons répondu à un besoin des entreprises car il n’y avait pas de dispositif de formation dans ce domaine. » Idem pour les métiers du froid. À Foulayronnes, dans le Lot-et-Garonne, dès novembre prochain, les stagiaires pourront se former dans un nouvel atelier doté d’un banc de mesure du CO2. Fabienne Roger a aussi impulsé, en 2010, le concept de parcours qualifiants intégrés. Objectif ? Amener une personne à un niveau donné sans rupture entre les différentes étapes. C.G.

MANUEL TUNON DE LARA, PRÉSIDENT DE L’UNIVERSITÉ DE BORDEAUX
Le major de l’université girondine

Le défi de ce pneumologue de 52 ans, élu à la présidence de l’université de Bordeaux fin 2010 ? Placer ce pôle de recherche et d’enseignement supérieur de taille moyenne, avec ses 60 000 étudiants, dans le top 5 hexagonal. Bordeaux part avec un gros avantage : une cohésion sans faille entre les quatre universités, qui fusionneront en 2014 au sein d’un établissement unique. « Certains ont commencé par fusionner, nous avons préféré nous doter d’abord d’un projet », bâti sur la dizaine de pôles d’excellence girondins (neurosciences, optique, avionique). « Ceux où l’on peut soutenir la compétition internationale. » Chasseuse de crédits – elle vient d’être désignée parmi les trois universités d’excellence et dotée de 1 milliard d’euros –, la fac girondine drague aussi les fonds privés, avec la fondation présidée par le Libournais Jean-René Fourtou. Fervent partisan du rapprochement avec les entreprises, Manuel Tunon de Lara veut adapter l’offre bordelaise à leurs besoins. Un propos iconoclaste dans une enceinte universitaire. J.-P.C.

PHILIPPE CHARLES-LAVAUZELLE, PRÉSIDENT DU GEIQ PROPRETÉ BORDEAUX
L’insertion pour credo

Un taux d’insertion de 80 %. De quoi mettre du baume au cœur de Philippe Charles-Lavauzelle, 59 ans, directeur régional des ventes d’Atalian, qui préside depuis trois ans le Geiq Propreté Bordeaux, constitué par des entreprises du nettoyage industriel de l’agglomération, pour « remettre debout » une trentaine de chômeurs par an, recrutés en CDD pour une période de neuf mois. Un parcours de vingt-cinq à trente-cinq heures de travail par semaine qui inclut sept heures de formation.

Le financement est assuré à 85 % par les entreprises et la branche professionnelle. Les 15 % restants étant à la charge du conseil général et de l’État. Des subventions qui s’amenuisent tous les ans. Le Geiq ne peut pas non plus prétendre au statut de structure d’insertion par l’activité économique, et du coup voit des aides lui filer sous le nez. « En France, on ne retient pas la performance et l’efficacité d’une structure. Arrêtons de faire du saupoudrage », lâche-t-il. Mais il en faudrait plus pour le décourager. Il fait campagne pour attirer de nouveaux adhérents et négocie l’entrée d’une collectivité. Une façon de mieux couvrir les frais fixes du Geiq. C.G.

MONIQUE GUÉDON, AVOCATE PROSALARIÉS
Avocate militante

Je suis probablement une bête noire pour les employeurs, mais la meilleure des reconnaissances, c’est lorsque l’un d’entre eux m’envoie discrètement un client », estime Monique Guédon, 56 ans, l’une des six ou sept avocats bordelais travaillant pour la CGT. En vingt-huit années de barreau, cette pure Girondine a connu moult affaires retentissantes, comme la « saga Ford » où elle a assisté l’inter­syndicale. Parmi ses dernières victoires, l’annulation de 14 ruptures conventionnelles chez un sous-traitant aéronautique. Son dossier du moment ?

L’annulation de licenciements économiques chez le fabricant de chaudières IBR. Combative, Monique Guédon l’est, même si elle considère que le droit du travail, « ce n’est pas la guerre ». « Je bosse mes dossiers, pendant trois jours s’il le faut, car je refuse l’abattage, mais je ne prends des affaires que si elles tiennent en droit. » L’avocate est rassurée : la relève semble assurée, avec de jeunes consœurs déjà sollicitées par la CGT. J.-P.C.

LUC PABœUF, PRÉSIDENT DU CONSEIL ÉCONOMIQUE, SOCIAL ET ENVIRONNEMENTAL D’AQUITAINE
Le chantre du dialogue sociétal

Coup de tonnerre à l’Hôtel de région ! Le jeudi 14 novembre 2007, alors qu’il est attendu en ville pour manifester, Luc Pabœuf, le secrétaire général de l’Union départementale CGT de la Gironde, est élu, à la surprise générale, à la présidence du conseil économique, social et environnemental régional (Ceser) d’Aquitaine, avec 10 voix d’avance sur le candidat du Medef. Ce conseiller principal de l’emploi de l’ex-ANPE devient, du même coup, à 40 ans, le premier représentant de la CGT à la tête d’un Ceser. Une semaine tout juste avant qu’un autre cégétiste, Patrick Tassin, soit élu en Champagne-Ardenne. Depuis quatre ans, redevenu adhérent « de base » de la CGT, il prône au sein de cette assemblée un dialogue « sociétal » serein entre les représentants du monde socioéconomique et ceux du monde associatif. Luc Pabœuf manage de façon consensuelle l’institution – en témoigne sa réélection haut la main en novembre 2010 – qui doit, selon lui, « éclairer les décisions du politique à partir de l’intérêt général ». En 2010, le Ceser a ainsi réalisé un état des lieux des PMI aquitaines après la crise. Une étude demandée par l’UIMM… J.-P. C.

CHRISTOPHE BIAIS, AVOCAT
Le travailliste du tandem

Dans le paysage judiciaire girondin, Christophe et Frédéric Biais occupent une place à part. Authentiques jumeaux, il arrive fréquemment qu’on les confonde au Palais. Fils d’un avoué bordelais et associés au sein de leur structure éponyme fondée en 1997 après leur départ du cabinet Lexia, les « frères Biais » ont chacun leur spécialité. Si Frédéric traite du droit des affaires, Christophe plaide depuis vingt-sept ans en droit du travail, assurant la défense des grandes entreprises locales – First Aquitaine Industries, la Lyonnaise des eaux, le Port de Bordeaux, les sociétés aéronautiques –, mais « aussi le bar du Platane avec son unique salarié ». Une « matière vivante » qu’il a découverte, de retour de coopération, auprès de Gérard Dormoy, grande figure locale du droit social disparue en 2011. « C’est comme cela que j’imaginais le métier d’avocat », explique-t-il. Exception au sein d’une profession hyperféminisée, comme en témoignent les organigrammes de ses concurrents bordelais Barthélémy ou Fidal, Christophe Biais « met [son] casque et [son] bouclier du lundi au vendredi », dans une zone qui s’étend jusqu’à Toulouse, Marmande, Tarbes ou Poitiers, et ferraille avec ses confrères prosalariés aux prud’hommes ou devant la cour d’appel bordelaise. J.-P. C.

DIDIER PINEAU, FONDATEUR d’ENVOL 33
Un patron au service de l’insertion

C’est en 2000 que, avec des amis, Didier Pineau, DG du groupe Europlasma, crée Envol 33. Dans le capital de cette SA, Paul-Louis Halley, décédé depuis, Michel Sarrat, codirigeant du groupe GT, des grands noms du négoce du vin, mais aussi Simone Noailles, la dame du social sous l’ère Chaban. Objectif ? Procurer de l’emploi à des jeunes dans la restauration traditionnelle et rapide. La Marmite, dans le quartier Saint-Michel, est lancée. Elle sert une centaine de repas par jour pour une clientèle de délaissés à laquelle se mêle un public d’actifs. Cinq personnes sont en cuisine et sortent avec un certificat d’aptitude professionnel au bout de six mois. En 2003, c’est le Funty, une sandwicherie qui voit le jour à Saint-Joseph-de-Tivoli, le lycée où Didier Pineau a fait ses études. Quatre personnes en insertion y réalisent 400 ventes par jour. Aujourd’hui, Didier Pineau se démène pour trouver de nouveaux relais de croissance et éviter que La Marmite, qui perd de l’argent, ne ferme. Son idée ? Draguer la clientèle des campus privés intéressés par la formule Funty. Reste un ingrédient inaltérable pour Didier Pineau, 52 ans : « croire que chacun est capable de rebondir et lui faire confiance ». C.G.

PHILIPPE HARREWYN, DRH DE FIRST AQUITAINE INDUSTRIES
Un DRH expert en gestion de crises

J’aspire à retrouver une vie normale de DRH ! » sourit Philippe Harrewyn, qui a succédé il y a un an au patron des RH de Ford à Blanquefort, Dominique Billaud, après dix années passées en tant que numéro deux. « Lorsque je suis arrivé ici, on fabriquait 750 000 boîtes de vitesses par an. Cette année, il en sortira moins de 100 000 », rappelle cet ancien responsable des ventes et du marketing de 49 ans, entré chez Ford il y a vingt-cinq ans. Après avoir fait ses premières armes en RH au siège parisien, il s’est retrouvé chargé des relations sociales à Blanquefort. Un poste exposé, qui l’a incité à passer un master de GRH, en formation continue, à l’IAE de Bordeaux. Les travaux pratiques, il les fait sur le tas : plans de réduction d’effectifs, négociations marathons, grèves, séquestration… Après la décision de Ford de racheter l’usine qu’il avait vendue en 2009, l’horizon s’éclaircit pour le personnel de Blanquefort. Mais le retour à la normale sera long (voir page 46). Au moins jusqu’à l’été 2013, selon le DRH, devenu expert en gestion de crises. J.-P. C.

FRANCIS WILSIUS, CONSEILLER RÉGIONAL D’AQUITAINE
Son moteur, c’est l’emploi

Je me battrai toujours pour éviter qu’un gamin reste sans boulot ! » Il ne faut surtout pas se fier aux propos réducteurs de Francis Wilsius. L’emploi, c’est son moteur. Alain Rousset, le patron de la Région, l’a bien compris. Il n’a pas hésité à placer le secrétaire du CE de Ford, en cinquième position sur sa liste, lors des dernières élections régionales de 2010. Il faut dire que Francis Wilsius, 56 ans, n’a cessé d’occuper le terrain, maintenant la pression pour que l’usine de transmissions automatiques qu’il a intégrée en 1977 n’aille pas dans le fossé. Le cariste manutentionnaire, transféré en mai 2009 dans l’usine voisine, Getrag, mène de front sa vie professionnelle et politique, sans accrocs. Le chantier du moment pour l’élu chargé de la sécurisation des parcours : la VAE. Il court les départements pour porter la bonne parole de cet outil important dans la reconnaissance des compétences des salariés, repère les points faibles d’un système « trop administratif », « véritable parcours du combattant » pour le postulant. À ses yeux, trois priorités s’imposent : simplifier le processus, augmenter le nombre des jurys, mieux les rémunérer et mieux les former. C.G.

THIERRY BERTHET, PRÉSIDENT DU CONSEIL SCIENTIFIQUE ET D’ORIENTATION D’AQUITAINE CAP MÉTIERS
Chercheur passeur

Je veux contribuer à une forme d’utilité sociale de la recherche, la sortir de son côté académique et travailler à l’établissement d’une passerelle entre le monde universitaire et celui des acteurs de la formation », indique Thierry Berthet, 47 ans, pour expliquer son implication dans Aquitaine Cap Métiers, une association créée en 2009 par la Région, lieu de découverte des métiers pour les jeunes et de « ressources » pour les professionnels du secteur. Depuis janvier dernier, il en préside le conseil scientifique et d’orientation. Ce chercheur au Spirit (sciences politiques, relations internationales, territoires)-CNRS/Sciences po Bordeaux, également coresponsable du centre régional du Cereq Aquitaine, ausculte les politiques régionales de Rhône-Alpes et d’Aquitaine de lutte contre le décrochage scolaire. Il souhaite une amélioration des « articulations territoriales et sectorielles » des domaines de la formation, de l’orientation et de l’emploi. C.G.