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Idées

La voix des femmes

Idées | Livres | publié le : 01.09.2011 | Jean Mercier

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La voix des femmes

Crédit photo Jean Mercier

L’égalité entre les hommes et les femmes est un combat qui est loin d’être gagné. En ouvrant son livre par un entretien avec l’anthropologue Françoise Héritier, Nicole Bacharan fait ressortir l’ampleur de la tâche. « Partout, de tout temps et en tout lieu, le masculin est considéré comme supérieur au féminin, explique-t-elle ; dès l’origine de l’humanité s’est installé ce que j’appelle « la valeur différentielle des sexes » : les deux sexes ne sont pas d’égale valeur, l’un « vaut » plus que l’autre, et le masculin « vaut » plus que le féminin. » Le système fondé sur l’intériorisation par les femmes de leur infériorité, en les enfermant dans leur rôle de reproductrices, continue d’imprimer sa marque. Michelle Perrot retrace ensuite la lutte des femmes pour obtenir leur reconnaissance sociale, à l’égal des hommes. Elle nous apprend que le mot « labeur » se réfère à l’origine à l’acte de l’homme dans la sexualité ; « le « travail » de la femme, ce sera l’accouchement ».

À ses débuts, le travail des femmes a été vécu comme un moyen d’apporter un salaire d’appoint. Dans les couples bourgeois, la femme ne travaille pas et en tire gloire. C’est l’essor des services qui va accélérer de façon décisive l’arrivée des femmes dans le milieu du travail. « À partir de la Seconde Guerre mondiale, le travail de bureau prend une ampleur gigantesque. Toute l’Europe devient un dédale de bureaux et, désormais, la majorité des femmes y travaillent. » Au passage, on retiendra que c’est en 1946 que la loi Croizat institua la règle « à travail égal, salaire égal », bel exemple que la loi ne suffit pas pour changer l’ordre des choses. En théorie, les femmes ont accès à tous les métiers, mais, dans la pratique, les trois quarts d’entre elles restent concentrées dans seulement un tiers des professions. Faut-il pour autant baisser les bras ? Surtout pas, avertit Sylviane Agacinski, autre contributrice à cette réflexion sur la place des femmes dans notre société. La philosophe plaide pour un « droit d’être ambitieuse » et pour la mixité la plus largement répandue. Sa préconisation a le mérite de la simplicité, même si elle pose beaucoup de problèmes d’application dans la pratique : « Les hommes ont bénéficié jusqu’alors de « discrimination positive », il faut maintenant inverser ce processus en faveur des femmes au moins jusqu’à ce que les discriminations sexuelles n’existent plus. » On lui laissera donc le mot de la fin : « Là où les hommes se libèrent et vont vers un monde plus juste, les femmes font le même trajet. »

La Plus Belle Histoire des femmes, Françoise Héritier, Michelle Perrot, Sylviane Agacinski et Nicole Bacharan. Éditions Seuil. 310 pages, 19,50 euros.

Auteur

  • Jean Mercier