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Idées

La politique du care

Idées | Livres | publié le : 01.09.2011 |

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La politique du care

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La notion de care a fait son apparition en France dans la bouche de Martine Aubry. À en croire sa propagandiste française, ce concept venu des États-Unis allait servir de fondement à l’élaboration du programme présidentiel du Parti socialiste. En fait, le care n’a pas vraiment percé dans le débat public et l’on n’en trouve pas franchement la trace dans la plate-forme du PS. Ce relatif insuccès, on en découvre plusieurs explications dans le petit livre de Fabienne Brugère, professeure à l’université de Bordeaux. Le courant du care est né dans l’Amérique de Reagan, en réaction à un libéralisme sans complexes et à la vision « cynique » du social qu’il apportait, enfourchant l’intégrisme du marché. Au départ, il s’agit d’une thématique très liée à la réflexion féministe. Manière d’affirmer que tous les liens humains ne peuvent être ramenés à des échanges marchands. « Prendre soin », c’est d’abord identifier toutes les formes de vulnérabilité et tenter de leur fournir une protection. « La référence à la vulnérabilité devient essentielle dans une perspective ontologique pour intégrer la protection de la nature ou de l’environnement dans des problématiques de la protection », explique Fabienne Brugère. C’est aussi une notion qui déborde le cadre des simples relations interpersonnelles et qui « suppose de porter la perspective d’un changement politique et social ». Comme on peut le voir, il n’est pas facile de fixer les contours de ce care, au-delà de l’intuition largement partagée que nos sociétés, malgré la mécanique de l’État providence, multiplient les zones de vulnérabilité. Ce qui explique sans doute la difficulté de traduire cette approche philosophique dans le langage politique.

L’Éthique du « care », Fabienne Brugère. Éditions PUF, collection « Que sais-je ? ». 126 pages, 9 euros.