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Éditorial

On manque cruellement d’idées sur l’emploi

Éditorial | publié le : 01.09.2011 | Jean-Paul Coulange

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On manque cruellement d’idées sur l’emploi

Crédit photo Jean-Paul Coulange

Alors qu’une nouvelle tempête s’abat sur la planète financière, il ne faut pas tant s’inquiéter de l’effondrement des indices boursiers – ils ont amplement démontré au cours des dernières décennies leur capacité à jouer au Yo-Yo – que de la récente poussée du chômage. Car la dégradation du marché du travail est déjà tangible, avant même que l’impact de ce cataclysme sur les intentions d’embauche des entreprises ne puisse être mesuré, d’ici à quelques mois. Avec un taux de chômage remonté à 9,2 % au début de l’été, l’objectif gouvernemental d’un retour sous la barre des 9 % risque d’être hors de portée pour l’année 2011. Et l’on ne voit vraiment pas ce qui pourrait infléchir la tendance avec une croissance en berne.

Au nom de la sacro-sainte réduction des déficits publics, bientôt inscrite dans la Constitution, l’État reste inflexible sur la règle du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. Il est vrai que la création – ou le maintien – d’emplois publics est un critère essentiel de différenciation entre la gauche et la droite. Par ailleurs, Nicolas Sarkozy et François Fillon ont supprimé le bouclier fiscal voté en 2007. Mais ils rechignent à condamner la mesure phare du texte majeur du quinquennat, l’exonération des heures supplémentaires, ce que réclament pourtant à cor et à cri les organisations syndicales et la quasi-totalité de la gauche. Martine Aubry y voyant le moyen de financer 300 000 emplois dits d’avenir pour les jeunes. Que l’on soit ou non un adepte du partage du travail, qui a inspiré les 35 heures à la gauche en 1997, il y a matière à débat dans le maintien d’une mesure décidée avant la crise financière de 2008 préférant le salaire à l’emploi. Or non seulement la défiscalisation des heures supplémentaires n’a pas dopé substantiellement la feuille de paie des salariés, apportant en moyenne une quarantaine d’euros de plus selon Bercy ; mais, en outre, comme l’ont rappelé en juin un député socialiste et un député UMP dans un rapport commun, elle coûte affreusement cher au contribuable. Environ 4,5 milliards d’euros en rythme annuel.

Quand bien même le nouveau rabotage des niches fiscales concocté par Matignon finirait de détricoter la loi Tepa, ce geste sacrificiel ne saurait tenir lieu de politique. Et, dans ce domaine, il faut bien reconnaître que l’on reste sur sa faim. S’agissant des jeunes, dont le taux de chômage recommence à croître, le gouvernement n’a guère d’autre carte à jouer que le développement de l’alternance. Concernant les seniors, dont le nombre de demandeurs d’emploi a augmenté de 13 % entre juin 2010 et juin 2011, aucune mesure ne s’annonce, non plus, pour améliorer l’efficacité très relative des plans imposés aux entreprises. Enfin, autre source de préoccupation, la courbe du chômage de longue durée ne s’infléchit pas. Sur le front de l’emploi, il devient donc urgent de rouvrir la boîte à idées.

Auteur

  • Jean-Paul Coulange