Dans la première moitié de l’ouvrage, Guillaume Duval, le rédacteur en chef d’Alternatives économiques, dresse le décor dans lequel la France doit désormais évoluer, au lendemain de la crise financière. La seconde partie, consacrée à la « résilience » de la France face à la crise, le conduit à ouvrir plusieurs dossiers au centre du débat social. La redistribution sociale a fait encore la preuve, selon lui, de son efficacité en période de turbulence économique. L’ensemble des mesures prises par le gouvernement français entre 2007 et 2010 représente l’équivalent de 5 points de PIB, un peu moins que la moyenne de la zone euro (5,7), beaucoup moins que les États-Unis (8,5) mais plus que l’Allemagne (3,9). « S’il y a une leçon à tirer de cette crise, c’est bien l’importance de ne pas avoir un marché du travail trop flexible », soutient l’économiste de gauche, prenant appui sur l’exemple allemand, qui n’a pratiquement pas perdu d’emplois grâce à une utilisation massive du chômage partiel, et, de manière plus surprenante, sur le cas britannique, où l’on a aussi « moins licencié qu’en France ». Face au retour du chômage de masse, Guillaume Duval défend les emplois aidés, le recours au secteur public, s’oppose à la défiscalisation des heures supplémentaires, à la baisse du coût du travail, fustige le mythe des chômeurs créateurs d’entreprise… Bref, une condamnation en règle des choix du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Morceau de bravoure, l’auteur revient sur les 35 heures pour plaider leur cause. Sa justification du niveau élevé de dépenses publiques et sa description de la France comme une société très inégalitaire vont dans le même sens. Sans concession à l’air du temps.

La France d’après. Rebondir après la crise, Guillaume Duval. Éditions Les Petits Matins, collection « Alternatives économiques ». 352 pages, 17 euros.