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Éditorial

Il est urgent de remettre à plat la réforme de l’État

Éditorial | publié le : 01.06.2011 | Jean-Paul Coulange

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Il est urgent de remettre à plat la réforme de l’État

Crédit photo Jean-Paul Coulange

Dans le tourbillon médiatique du moment, on a trop peu parlé du récent suicide d’un fonctionnaire du ministère du Travail. Pas n’importe lequel : un inspecteur du travail. Qui plus est secrétaire général du Snutef FSU, l’un des principaux syndicats de ce corps de contrôle. Et pas n’importe où : dans les locaux de la Direction générale du travail, la principale direction du ministère. Ses collègues se sont empressés de dénoncer la grande misère de l’Inspection du travail, les effectifs et les moyens insuffisants, l’enchaînement des réformes, la dénaturation de ses missions…

Depuis la vague de suicides déplorée chez France Télécom, les grandes entreprises sont dans le collimateur des pouvoirs publics. Mais il ne faudrait surtout pas croire que ce phénomène épargne la fonction publique. Alors que la moyenne nationale est de 16,3 suicides pour 1 000 habitants dans l’Hexagone, on en dénombre 35 pour 1 000 chez les policiers, 25 pour 1 000 parmi les agents de l’équipement. Sur cette question ultrasensible, on se gardera de toute conclusion hâtive. Force est de constater que la fonction publique n’est plus ce havre de paix et de tranquillité où l’emploi à vie et la progression à l’ancienneté garantissaient à chaque agent une carrière sans heurt, avec le service public comme boussole. Un service public qui « ne porte plus son nom », selon le dernier rapport du médiateur de la République. À l’instar du secteur privé, les administrations sont désormais soumises à un impératif de performance. Le contribuable a légitimement le droit d’en attendre le meilleur rapport qualité-prix. À ce titre, la fonction publique avait de gros progrès à faire, tant en termes de coût que d’efficacité. Toute la question est de savoir si la révolution en marche depuis 2007 est socialement supportable.

La révision générale des politiques publiques, la RGPP, que nos concitoyens ne connaissent qu’au travers de la règle du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, est bien plus qu’une opération de cost killing. Elle se traduit aussi par des regroupements de services, des fusions, des déménagements, visiblement trop peu expliqués et pas assez « managés ».

Alors que se profile la RGPP2, qui concernera les fonctions support de l’État et les organismes parapublics, les cadres A de la fonction publique, sondés mi-avril par l’Ifop, crient stop : 4 % d’entre eux seulement souhaitent que la RGPP soit maintenue en l’état, 25 % qu’elle soit supprimée, 68 % qu’elle soit amendée. Et 8 sur 10 réclament la suppression de la règle du « un pour deux ». Quant aux maires des petites communes, 84 % d’entre eux estiment que la RGPP a détérioré le fonctionnement des services publics dans leurs collectivités, à commencer par les fermetures d’hôpitaux, de commissariats ou de tribunaux. Face au malaise que l’on voit monter dans la fonction publique, il est urgent de remettre à plat la réforme de l’État.

Auteur

  • Jean-Paul Coulange