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Avoir des salariés en forme, c’est payant

Dossier | publié le : 01.05.2011 | O.D.

Au nom du bien-être et de la productivité, certaines entreprises incitent les salariés à faire du sport. D’autres instaurent des mesures de prévention plus basiques pour faire baisser les arrêts de travail.

Le match de foot du vendredi midi est noté sur mon agenda au même titre que mes rendez-vous et mes réunions », témoigne Étienne Royer, responsable distribution chez PepsiCo. Alors qu’un sondage OpinionWay Malakoff Médéric annonce que 58 % des salariés considèrent l’entreprise comme un lieu de stress, la division française de PepsiCo place le bien-être et la santé de ses collaborateurs au centre de sa stratégie. Les salariés lui en sont reconnaissants. Pour la deuxième année consécutive, leur société est propulsée sur la plus haute marche du podium du classement annuel de l’institut Great Place to Work des « entreprises où il fait bon travailler ». Un résultat qui fait sens pour la DRH, Delphine Dupuis, puisqu’il « permet de mesurer l’efficacité et la pertinence de notre politique RH. Investir sur le bien-être permet d’obtenir une croissance pérenne de l’entreprise ». La botte secrète ? Le sport. Vincent Prolongeau, le directeur général, ne déclarait-il pas fin 2010 : « Un salarié en forme est un salarié plus productif »? En parfait accord avec l’Organisation mondiale de la santé pour qui l’activité physique en milieu professionnel augmenterait la productivité de 52 %.

Voilà trois ans, PepsiCo lance le dispositif sport et santé en entreprise, baptisé « Be Wizz ». Imaginé par Benoît Eycken, ex-entraîneur de ski acrobatique, fondateur du cabinet Alizeum Sport, il sensibilise les 500 salariés aux bienfaits d’une bonne hygiène de vie. Des conférences animées par des sportifs comme Stéphane Diagana ou des médecins tel le nutritionniste Jacques Fricker ouvrent la phase de sensibilisation. Le programme s’étoffe avec l’entrée en piste des « Captains Be Wizz ». Salariés volontaires, ils se mobilisent pour « prêcher la bonne parole, montrer l’intérêt du sport » et recueillir les besoins et les envies de leurs collègues. De là naissent « le match de foot du mercredi et les foulées du vendredi ». PepsiCo négocie avec la municipalité de Colombes la mise à disposition des infrastructures sportives de la ville, stade, piscine. Flexible, l’entreprise permet de « jouer au tennis à 11 heures ou de fréquenter la salle de sport à 15 heures ».

Outil de recrutement. Delphine Dupuis fait d’ailleurs valoir les avantages du sport. « Facteur de cohésion, il accélère la transversalité, fait tomber les barrières hiérarchiques. C’est aussi un outil de recrutement. Nous constatons depuis un an l’accroissement de 40 % du nombre de CV reçus. » Valérie Langevin, de l’Institut national de recherche et de sécurité, estime que « promouvoir la santé au travail revient à travailler sur les comportements, et cela peut poser des problèmes d’éthique et d’atteinte aux libertés individuelles ». Pour sa part, PepsiCo assure « respecter la différence » et ajoute « l’équilibre de chacun est une affaire personnelle, nous ne décidons pas pour nos collaborateurs de ce qui est bien, ce n’est pas de notre responsabilité ».

Du côté de SGS Automotive, les objectifs sont différents. « Parmi les auditeurs, des collaborateurs qui parcourent jusqu’à 60 000 kilomètres par an en voiture, nous constations une recrudescence sensible des arrêts de travail de longue durée dus à des pathologies liées au dos et aux épaules », relate la DRH, Françoise Rembotte. L’entreprise décide alors avec le cabinet Demos d’une formation de deux jours dès 2010, animée par une kinésithérapeute. « Apprendre ou réapprendre à adopter les bonnes postures au volant, gérer au mieux son sommeil et adapter son alimentation à de longs trajets routiers, sans oublier la relaxation, c’est forcément positif », se souvient Joël Persicot, auditeur. Depuis, il « optimise [ses] déplacements et limite les kilomètres inutiles ». L’entreprise s’estime gagnante, les arrêts de travail liés au mal de dos baissent de 80 %. L’idée fait école. En juin prochain, ce sera au tour de la force de vente.

À Chambéry, dans le hall de l’agence Ineo, Jean Ticipe, petit personnage d’allure bienveillante casqué et le pouce levé, accueille le visiteur. Il personnalise la philosophie de la filiale spécialisée dans le génie électrique de GDF Suez. Il y a huit ans, l’entreprise recensait 44 000 jours d’arrêt de travail annuels. Désormais, Ineo joue à fond la carte de la prévention. « Nous mettons en place toutes les actions qui permettent à nos salariés de rentrer chez eux le soir en bonne santé », certifie Brahim Garda, directeur méthodes, santé et sécurité. Parmi les 14 500 collaborateurs, 9 000 travaillent quotidiennement sur des chantiers. Le bruit y règne en maître. « La surdité est non seulement handicapante mais souvent définitive », poursuit Brahim Garda. Ineo décide « de fournir à chaque salarié concerné des protections contre le bruit, réalisées sur mesure. Les chefs de chantier sont chargés de veiller à ce que le personnel se protège. Notre objectif vise à ce que l’ensemble du personnel de chantier soit équipé de protections individuelles d’ici à 2013 ». Une mesure qui relève classiquement des obligations de l’employeur.

Ineo s’attache aussi à prévenir le mal de dos. Le programme « Aïe ! mon dos » est mis sur pied. Un masseur-kinésithérapeute a dispensé, en 2010, 22 formations pour 200 salariés volontaires. Les conseils personnalisés et adaptés aux différentes missions des collaborateurs s’appuient sur l’observation des gestes quotidiens. Un DVD relaie le programme et une bande dessinée destinée à prévenir les accidents de la vie courante complète le dispositif. Les efforts paient. « En 2010, 8 000 jours d’arrêt ont été comptabilisés et, en huit ans, le nombre d’accidents a été divisé par 4,6 », précise Brahim Garda.

« Toute initiative en faveur du bien-être et de la santé est bonne à prendre », résume Antoine de Gabrielli, président de Companieros, organisme de formation spécialisé dans la responsabilité sociétale des entreprises, « mais cela ne doit pas exonérer l’entreprise de modifier son organisation du travail et ses méthodes managériales dès lors qu’elles sont génératrices de stress et de mal-être ».

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  • O.D.