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Politique sociale

La rigueur va bien au patronat européen

Politique sociale | publié le : 01.03.2011 | Sandrine Foulon

Les revendications patronales ont plus que jamais l’oreille des États. Gardiens du dialogue espagnols, libéraux Britanniques, influents Allemands…, leurs organisations respectives sont à l’offensive.

Il y a des circonstances exceptionnelles qui impliquent des décisions exceptionnelles et une responsabilité particulière des institutions nationales, européennes et internationales. […] Nous devons entièrement nous concentrer sur les moyens efficaces de restaurer la stabilité, la compétitivité et l’emploi. Comprendre ces défis et accompagner les nécessaires réformes servira bien mieux les intérêts des citoyens qu’une stérile rhétorique antieuropéenne. » Le mot doux, signé Philippe de Buck, l’actuel directeur général de l’organisation patronale BusinessEurope (ex-Unice), est adressé à John Monks, le président de la Confédération européenne des syndicats (CES). Ce dernier s’était ému, dans une lettre datée du 11 janvier à l’attention d’Olli Rehn, le commissaire aux Affaires économiques et monétaires, de la manière dont les fonctionnaires européens court-circuitaient le dialogue social et la négociation collective en Grèce et en Irlande, préconisant des solutions pour réduire les salaires minimums, baisser les droits à la retraite… Avant même que le commissaire ne réponde à John Monks, Philippe de Buck a pris sa plume pour rappeler à l’ordre le président de la CES. « À la faveur de la crise, BusinessEurope se sent pousser des ailes », constate le cégétiste Joël Decaillon, secrétaire général adjoint de la CES (voir encadré page 31).

Une drache bruxelloise qui, au-delà des instances européennes, résume bien l’état d’esprit des organisations patronales nationales. Avec la crise économique, leurs revendications en faveur d’une plus grande flexibilité du marché du travail se voient exaucées.

Retour en force du coût du travail. « Le discours dominant est celui de la croissance des pays émergents et du retard des pays développés. La tendance du patronat est de réagir à court terme et de s’exonérer des problèmes liés à l’organisation ou aux conditions de travail pour se focaliser sur le coût du travail, des systèmes de protection sociale, des fonctionnaires… Nous sommes dans du classico-classique. Mais ce discours simpliste passe bien auprès des politiques et ne pousse pas beaucoup à faire du dialogue social un vecteur de solution », constate Marcel Grignard, secrétaire national à la CFDT. « Que ce soit en France ou au Portugal, où le smic est à 475 euros, la thématique du coût du travail trop élevé revient en force », confirme Jean-Marie Pernot, spécialiste des relations sociales à l’Ires. Il faut que « le débat présidentiel » s’empare de la question des 35 heures, déclarait récemment Laurence Parisot, préoccupée par la cherté du travail.

Entonnant les mêmes refrains, confortées dans leurs positions, les organisations patronales européennes ne sont néanmoins pas toutes hyperoffensives. Elles peuvent être un peu à la traîne, comme en Italie. Mais toutes peuvent se féliciter des décisions des gouvernements et en récolter les fruits.

Auteur

  • Sandrine Foulon