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Le journal des ressources humaines

Intérim versus recrutement

Le journal des ressources humaines | Conseil | publié le : 01.03.2011 | Édouard Lederer

Dans une tribune libre, Jean-Christophe Le Feuvre, P-DG de Piana HR Group, explique que l’intérim joue contre l’emploi et devrait être plus fortement encadré. Un avis fortement contesté par les intéressés et certains spécialistes du recrutement.

L’intérim prospère alors que le chômage augmente. Le nombre des intérimaires a bondi de 20,1 % en 2010, alors que le chômage augmentait de5,3 %.PourJean-Christophe Le Feuvre, P-DG de Piana HR Group, les recruteurs utilisent l’intérim pour sa flexibilité. Cette évolution « précarise l’emploi », déplore-t-il. Dirigeant d’un cabinet qui revendique 5 000 recrutements et 15 millions d’euros annuels de chiffre d’affaires, Jean-Christophe Le Feuvre estime qu’un assouplissement du Code du travail est nécessaire pour encourager les entreprises à recruter en CDD ou en CDI. « Les nouvelles modalités du type rupture conventionnelle et accord à l’amiable restent méconnues et insuffisantes », assure-t-il.

Non content de vouloir liquider la législation actuelle sur le licenciement, le dirigeant souhaite interdire le fait que l’intérim serve de mode de préembauche et se substitue à un CDD ou à un CDI. Cette position fait sourire François Roux, délégué général du Prisme : « La France a déjà la législation la plus stricte d’Europe. La traduction en droit français de la directive européenne sur l’intérim pourrait d’ailleurs, à l’inverse, le libéraliser. » De son côté, Marc Riou, directeur général de Kelly Services France, proteste : « CDD et mission d’intérim offrent une souplesse équivalente d’utilisation. Mais la force de l’intérim est de pouvoir accéder à un vivier de salariés immédiatement opérationnels. En quelques heures, on vous trouve quelqu’un de compétent. »

Au-delà de la flexibilité, la concurrence entre les deux modes de recrutement n’est pas évidente pour certains utilisateurs. « Pour chaque besoin spécifique, nous nous adressons à notre interlocuteur habituel », explique Jean-Christophe Sciberras, président de l’ANDRH, DRH de Rhodia. « Les entreprises affectent souvent une équipe unique aux recrutements, qu’il s’agisse d’intérim, de CDD ou de CDI. Et cette situation pourrait favoriser une montée en gamme de l’intérim vers l’ensemble des besoins en recrutement », précise-t-il. Ou l’inverse. Certains cabinets de recrutement n’ont pas hésité à créer leur propre structure d’intérim. « Ce sont deux logiques différentes, mais nous répondons à un besoin global », explique Éric Le Touzé, DG de Michael Page France.

Jean-Christophe Le Feuvre n’admet pas ce raisonnement. À ses yeux, il faut « remettre l’intérim à sa place ». Une position en contradiction totale avec l’évolution probable de la législation.

Auteur

  • Édouard Lederer