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Idées

Les 35 heures, un débat très français

Idées | Bloc-notes | publié le : 01.02.2011 | Michel Yahiel

DES ARBITRAGES NÉCESSAIRES SUR LE COUT DU TRAVAIL

La nouvelle polémique lancée par les déclarations de M. Valls sur les 35 heures est assez typique du débat social dans notre pays. Pour un peu, on retrouverait les mêlées idéologiques de la Troisième République, chacun campant sur ses positions, en brandissant des études parfaitement contradictoires sur les résultats d’un dispositif pourtant vieux de plus d’une décennie. On se gardera bien de céder au même penchant, en soulignant toutefois que cette querelle pèche à la fois par excès d’honneur et par indignité.

D’un côté, il faut bien admettre que les lois Aubry, très sensiblement amendées depuis 2002, notamment en matière d’heures supplémentaires, ont apporté de la flexibilité et de la modération salariale, dont on mesure sans doute mieux depuis l’étranger combien il peut s’agir d’un avantage compétitif pour certains secteurs. Accessoirement, on peut douter que les cadres et les salariés plébisciteraient un retour en arrière. De l’autre, outre les conséquences néfastes avérées dans un contexte comme celui de l’hôpital public, il reste que les entreprises et ceux qui y travaillent ne sont pas traités sur le même pied, en particulier dans les TPE, et que le coût pour la collectivité des allégements de charges consentis lors de la mise en œuvre de la réforme devient dirimant. En outre, chacun voit bien que le réglage entre la loi nationale et l’aspiration des entreprises à pouvoir négocier au plus près leur organisation interne reste à définir.

Plus généralement, on peut d’ailleurs présumer que l’un des enjeux de la période à venir sera de questionner le coût du travail et les arbitrages qui devront en résulter sur un nouveau partage des sacrifices à prévoir, entre salariés et contribuables, entre rémunération du capital et rémunération du travail… Autant de questions que sous-tendent les projets de modification de l’assiette des prélèvements sociaux.

LE MAIGRE BILAN DU RSA

Pour revenir sur le sujet des jeunes, notamment les plus en difficulté, on ne peut qu’être frappé par le bilan du RSA normalement destiné aux 160 000 âgés de 16 à 24 ans en situation précaire et ayant déjà travaillé deux ans. Cette dernière condition, pour l’essentiel, fait que l’objectif visé a été atteint à une hauteur dépassant à peine… 3 %, avec 5 000 bénéficiaires. Même s’il ne s’agit que de l’un des volets d’une politique plus globale, un tel résultat fait un peu désordre.

QUAND L’ÉTAT S’APPLIQUE CE QU’IL PRECONISE AUX ENTREPRISES

Paradoxalement, alors que, dans la période, les grands chantiers du dialogue social demeurent en suspens, il semble que la fonction publique, si longtemps en retard de ce point de vue, continue de l’expérimenter avec un certain bonheur, dans la foulée des fameux accords de Bercy : après la santé au travail, la situation des non-titulaires est aujourd’hui en passe de déboucher. Que l’État employeur puisse, à échéance régulière, sinon donner l’exemple, du moins s’appliquer à lui-même ce qu’il préconise aux entreprises est plutôt une bonne nouvelle.

Auteur

  • Michel Yahiel