Créer son entreprise quand on est une femme est doublement audacieux. Sandra Le Grand se jette dans le grand bain en 2000, avec une idée née d’une intuition : celle de la nécessité de « créer un espace de rencontre entre les comités d’entreprise et les fournisseurs de produits de loisirs ». Elle ne se prive pas d’égratigner le système français et ses aberrations qui, « sous prétexte de protéger les salariés, finit par asphyxier de contraintes les petites entreprises, souvent les plus dynamiques ». Refrain connu, sauf que grâce à ce témoignage on comprend mieux sa « résilience ».

Entreprendre : un peu, beaucoup, passionnément, Sandra Le Grand. Éditions Télémaque. 216 pages, 20 euros.

Ce livre entend promouvoir la théorie managériale du design thinking. « Personne n’imaginerait gérer une entreprise en se fondant sur les sentiments, l’intuition et l’inspiration », observe Tim Brown, gourou de cette doctrine, mais il n’est pas bon non plus de se laisser exclusivement guider par la logique et le raisonnement. Le design thinking, concept qui ne brille pas par sa clarté, offre une troisième voie. L’ouvrage loue les entreprises où règne « un désordre coloré et sympathique au lieu de la grisaille des bureaux paysagers d’un beige triste » et où l’on entend « des explosions de rires francs » en lieu et place « des conversations à voix basse ». Précision importante : le design thinking réclame un nouveau contrat social fondé sur la participation active de chacun, et en premier lieu du client.

L’Esprit design, Tim Brown. Éd. Pearson, coll. « Village mondial ». 264 pages, 24 euros.

Bonne idée que de laisser pour une fois la parole à ceux qui ont éprouvé de l’intérieur le parcours du premier emploi. Une vingtaine de jeunes racontent comment ils ont vécu le moment crucial de l’entrée sur le marché du travail. Évidemment, l’ouvrage confirme la place décisive du stage sous toutes ses formes comme voie d’accès à la vie professionnelle. Il montre aussi que l’emploi des jeunes n’est pas le champ de ruines présenté si souvent et que la nouvelle génération fait du travail, plus que jamais, une source d’épanouissement.

Premier Emploi : quand les jeunes racontent, dirigé par Anne Dhoquois. Éditions Autrement. 270 pages, 15 euros.

Qu’est-ce qui motive les expatriés du savoir, sont-ils prêts à revenir en France, comment jugent-ils l’évolution de l’enseignement supérieur ? C’est à ces questions qu’a tenté de répondre l’Institut Montaigne dans une étude centrée sur les universitaires français partis enseigner aux États-Unis. Ces exilés cristallisent deux contradictions : « D’une part, leur talent scientifique permet à la France de rayonner à l’étranger, mais la prive de ses meilleurs éléments ; d’autre part, ils ont reçu une formation d’excellence financée par les fonds publics, mais le fruit de cette formation ne bénéficie pas à la France à long terme. » L’étude met également l’accent sur la faible attractivité des salaires français, un frein au retour qui se conjugue à la complexité des procédures de recrutement.

Les Expatriés de l’enseignement supérieur français aux États-Unis, Ioanna Kohler. Institut Montaigne. 140 pages, 10 euros.