Le gouvernement russe lance un plan colossal de privatisations, moins brutal que dans les années 90.
Pour combler son déficit budgétaire et dégager des fonds pour la modernisation des infrastructures, la Russie ambitionne de vendre, ces cinq prochaines années, quelque 32 milliards d’euros d’actifs publics. Sur la liste : le groupe pétrolier Rosneft, la banque semi-publique Sberbank, les chemins de fer RZhD, l’opérateur hydroélectrique Rousguidro ou encore le transporteur maritime Sovkomflot. Contre toute attente, la compagnie aérienne Aeroflot n’est pas sur les rangs.
Pour nombre de Russes, la « vente du siècle » des années 90 s’est résumée à un vol à grande échelle : en échange de quelques dollars, une poignée d’oligarques avides ont dépecé la production d’un État en quasi-faillite et laissé des milliers d’ouvriers sur le carreau. Cette fois, les conséquences pour les salariés devraient être moins douloureuses, car l’État entend bien veiller sur ses intérêts, jalousement gardés durant l’ère Poutine. « Dans la plupart des compagnies, nous réduirons notre participation à 25 % plus une action », affirme Alexeï Koudrine, le ministre des Finances. L’État conservera, dans chaque entreprise, la possibilité de la minorité de blocage requise en Russie.
Le calendrier se veut, lui aussi, prudent : une première étape en 2011-2013, pendant laquelle l’État ne vendra pas plus de 15 % de ses actions dans chaque entreprise, puis une seconde étape, en 2014-2015. Les investisseurs étrangers se précipiteront-ils sur ces actions d’État ? C’est la grande inconnue. L’État devra rassurer sur sa capacité à protéger ses ventes du spectre de la corruption.