Certaines entreprises de portage salarial sont vent debout contre l’accord signé entre le Prisme et les syndicats de salariés. Pour d’autres, le texte est sain et n’a besoin que de modifications mineures. Décryptage.
Alors que la Fédération nationale du portagesalarial (FENPS) « s’insurge contre un accord élitiste, discriminatoire et qui ne correspond pas au mandat confié », le Syndicat national des entreprises de portage salarial (Sneps) se satisfait du texte et de ses imperfections. Six mois après la signature d’un accord entre le Prisme (syndicat des professionnels de l’intérim), la CFDT, la CFTC et la CFE-CGE, les entreprises de portage salarial sont toujours aussi divisées.
La polémiqueestsurtout concentrée sur les restrictions du périmètre du portage contenues dans le texte. Seuls les cadres dont le salaire s’élève à 2 900 euros brut minimum peuvent prétendre au portage. « Pourquoi interdire aux non-cadres le bénéfice du statut de porté ? Avec ces mesures, nous allons perdre la moitié de nos salariés portés », s’insurge Emmanuel Martin, gérant d’ETM ? Portage et membre de la FENPS. De son côté, Radhia Amirat, vice-présidente du Sneps, comprend les intentions des négociateurs. « Le salaire minimum est trop élevé, mais nous sommes en faveur d’une liste précisant les métiers concernés, explique-t-elle. Si l’ouverture est trop large, le risque est de voir des portés remplacer des salariés licenciés dans certaines entreprises. » Et d’expliquer qu’il n’est pas rare de voir des commerciaux licenciés passer à l’autoentrepreneuriat, puis venir frapper à la porte des spécialistes du portage pour pouvoir retravailler dans leur ancienne entreprise.
À l’inverse, le minimum salarial pose problème. « Les portés viennent souvent nous voir avec une première mission en poche. Mais nombre d’entre eux ne savent pas négocier leur contrepartie financière. Il faudrait prévoir une tolérance pour les douze à dix-huit premiers mois. Le temps que nous les formions », indique Radhia Amirat.
Autre problème soulevé, la subordination de l’accord à l’adoption des dispositions législatives et réglementaires nécessaires à son application : il doit être étendu et entériné par le Parlement. « En attendant, nous avons un régime virtuel et toujours des difficultés pour faire reconnaître le statut de salarié des portés qui réclament leurs droits au chômage », soupire la vice-présidente du Sneps. Seul point qui rassemble la satisfaction de toutes les sociétés de portage, le choix possible entre un CDD ou un CDI pour le salarié concerné. Pour une mission unique ou de multiples réalisées simultanément.