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Idées

L’emploi des jeunes, première urgence sociale

Idées | Bloc-notes | publié le : 01.12.2010 | Michel Yahiel

REMETTRE À PLAT LES PRATIQUES DES ENTREPRISES

La sortie de crise sociale en « queue de poisson » connaîtra-t-elle d’autres débouchés, notamment dans les prochaines négociations salariales ? Nul ne le sait. De même, les propositions avancées par la CFDT, reprises par le Medef et plutôt bien accueillies par le gouvernement, visant à rouvrir le dossier de l’emploi des jeunes, sont trop récentes pour que leur devenir paraisse assuré. Mais il y a urgence.

Sans doute en raison de la prégnance de dossiers aussi lourds que la réforme des retraites ou la prise en charge du grand âge, la situation des jeunes semble avoir quitté la scène sociale, par un effet d’éviction dont l’actualité a le secret. Pourtant, le taux d’emploi des moins de 25 ans reste l’un des plus bas de l’OCDE. Pis, la situation des jeunes diplômés s’aggrave. À la mi-2010, 64 % des bac + 4 du millésime 2009 avaient trouvé un travail, au lieu de 77 % l’année précédente. Quant à la proportion d’entrées en CDI, elle a chuté de 61 % en 2007 à 47 % en 2009. Le mode d’entrée de droit commun sur le marché du travail tend donc à devenir une exception. Ce qui implique une vaste remise à plat, sans tabou, des pratiques des entreprises, privées comme publiques, notamment en matière de recours abusif aux stages et aux CDD. Et, dans ces conditions, un examen des freins juridiques objectifs qu’il faudrait encore lever, après la première étape qu’avait constitué l’accord de 2008 sur la modernisation du marché du travail, même si l’on sait la voie d’un éventuel « contrat jeune » bouchée pour longtemps encore.

LA SÉCURITE SOCIALE PAS À L’ABRI DE MAUVAISES SURPRISES

La loi de financement de la Sécurité sociale pour 2011 a été adoptée dans l’indifférence générale. Le PLFSS, significativement présenté à Bercy, l’a été sous l’égide d’un « budget de redressement », opposé au « budget de crise » de 2010. Certes, les mesures de financement ne sont pas négligeables. Mais le solde du régime général est présenté à – 21,4 milliards, soit une bien légère amélioration par rapport aux – 23,1 milliards prévus en 2010, qui font eux mêmes suite aux 33,7 milliards de déficit cumulé pour 2007 et 2008. Les trois branches (santé, vieillesse, famille) demeurent lourdement déficitaires, tandis que l’hypothèse d’une hausse de la masse salariale sur laquelle reposent les recettes, soit + 2,9 %, ne nous met pas à l’abri de mauvaises surprises.

LES FONCTIONNAIRES, DÉTACHÉS DE L’ÉTAT EMPLOYEUR

Une enquête récente de l’institut BVA sur le climat social fournit des éclairages intéressants. Elle aborde notamment la situation des services publics, rarement mise en parallèle avec celle des entreprises. On y apprend que les fonctionnaires n’ont pas mauvais moral mais affichent l’un des liens les plus faibles avec leur employeur. Il faut sans doute y voir l’effet d’une moindre fierté d’appartenance à la puissance publique, elle-même liée à la perte d’influence régalienne de l’État dans la société. À l’heure où la réforme territoriale, autre grand texte passé largement inaperçu de nos concitoyens, marque une nette tendance à la recentralisation, voilà un autre débat en perspective pour la période qui s’ouvre.

Auteur

  • Michel Yahiel