Depuis que l’équipementier américain Molex a arrêté en septembre de financer le plan social de l’usine de Villemur-sur-Tarn (Haute-Garonne), excédé par l’action aux prud’hommes de 188 salariés contestant désormais le motif économique de leur licenciement, Guy Pavan a vécu deux mois de « flou juridique ». Comme les 18 ex-salariés protégés en congé de reclassement. Indemnités, accompagnement dans les recherches d’emploi : tout a été stoppé. Et la liquidation judiciaire prononcée.
Mais sa situation personnelle indiffère presque ce délégué syndical CGT de 54 ans resté deux mois sans revenu. Il est tout à son combat. « Le plus pénible, c’est que le gouvernement ait laissé un groupe faisant des profits fermer un site. L’enjeu de notre lutte est d’éviter que cela se reproduise », assène cet ouvrier, entré il y a trente-trois ans au moulage, qui rêve d’une loi contre les licenciements abusifs.
« Le travail des salariés ne doit pas être sacrifié pour le profit d’une minorité », voilà la conviction de cet électeur communiste, engagé en mars sur la liste du Front de gauche dans la région Midi-Pyrénées. Elle nourrit l’action de ce père de deux enfants depuis qu’en octobre 2008 il a endossé la défense des 283 emplois de Molex avec l’ex-secrétaire CGT du CE, Denis Parise. Faire reconnaître la viabilité de l’usine a été leur obsession. Au point que Bernard Thibault lui-même a loué leur « entêtement à préserver les emplois » plutôt qu’à obtenir un chèque-valise. Aucun chantage à la pollution, non plus : ils ont préféré les recours juridiques, mobilisé opinion, élus, gouvernement, outre les grèves et les occupations. Quant à la séquestration, vingt-six heures, du cogérant de la filiale ? « Un coup de colère, vite canalisé. On venait d’apprendre que la fermeture était préméditée et l’outil de production dupliqué aux États-Unis », rappelle-t-il.
Mais la colère couve toujours, un an après la fermeture acceptée par les salariés, en contrepartie d’un PSE de 34 millions d’euros et de la reprise de 20 emplois par HIG sur le site. Car seul un gros quart des 283 Molex (46 ans en moyenne) ont retrouvé un emploi. D’où l’action aux prud’hommes et les 25 millions d’euros exigés en dommages. Excessif ? « Qui a été spolié de son outil de travail ? Les salariés », rétorque Guy Pavan, qui a apprécié que l’ex-locataire du ministère de l’Industrie, Christian Estrosi, demande, à l’annonce des profits de Molex en octobre, à PSA et à Renault de boycotter l’équipementier manquant à ses obligations sociales. « C’est insuffisant mais un début » pour Guy Pavan.
Ex-délégué syndical CGT du site de Molex à Villemur-sur-Tarn.
1976
Embauché comme ouvrier à la Société générale d’équipement, devenue Cablauto, Labinal, Cinch, puis Molex.
2001-2010
Délégué syndical CGT du site.
Mars 2010
Début de son congé de reclassement.