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Tableau de bord

ZOOM Les allégements de charges peuvent brider les bas salaires

Tableau de bord | publié le : 01.10.2010 | Pierre-David Labani

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Montant des allégements de cotisations patronales (en milliards d’euros)

Crédit photo Pierre-David Labani

Depuis leur mise en place en 1993, les exonérations de cotisations sociales suscitent la controverse sur leurs effets en matière de création d’emplois et d’évolution des salaires. Car le risque existe d’installer une « trappe à bas salaires ». Selon l’Insee, l’introduction des allégements induit deux effets opposés sur les salaires : d’une part, ils permettent de dégager un surplus que l’employeur peut utiliser pour accélérer la progression des salaires ; d’autre part, la dégressivité des allégements renchérit le coût d’une augmentation de salaire et tend plutôt à ralentir la progression des rémunérations. L’estimation réalisée par l’Insee montre que c’est l’effet négatif de la progressivité du coût marginal qui l’emporte.

Ainsi, la réforme Fillon de 2003 (instauration d’un barème unique pour les entreprises, qu’elles soient passées ou non à 35 heures), malgré un niveau des allégements pour les travailleurs rémunérés au smic fortement revalorisé de 18,2 % à 26 % dans les entreprises restées à 39 heures, a réduit la contribution positive de l’intensité des allégements, en raison de la disparition de la partie forfaitaire des aides incitatives liées à la RTT. Ces deux éléments (relèvement du taux maximal et disparition des aides forfaitaires) se traduisent en outre par une amplification des effets négatifs de la progressivité que ne compense pas le passage de 1,3 à 1,6 smic du droit aux allégements dans les entreprises restées à 39 heures. Au total, par rapport au barème moyen 2001-2002 des allégements de cotisations, qui contribuait à réduire de 1,7 point le taux de croissance des salaires inférieurs à 1,3 smic, le barème Fillon 2005 contribuerait à le réduire à hauteur de 2,6 points.

Montant des allégements de cotisations patronales (en milliards d’euros)
Les créations d’emplois repartent grâce à l’intérim

Après sept trimestres de recul de l’emploi salarié marchand en France, celui-ci a progressé de 24 000 postes au deuxième trimestre 2010. La situation reste toutefois fragile. Les créations d’emplois sont en effet plus faibles qu’au premier trimestre (+ 35 900 postes), alors même que la croissance économique a été plus élevée (+ 0,6 %, après + 0,2 %). Autre signe de fragilité, l’intérim est le principal pourvoyeur au deuxième trimestre (+ 27 600 postes), ce qui illustre l’incertitude des entreprises au regard de la conjoncture. L’érosion des emplois se poursuit dans l’industrie (17 200 suppressions de postes) et dans la construction (6 200 postes en moins). Les effets de la crise de 2008 sont loin d’être effacés : avec 15,9 millions, le nombre d’emplois salariés dans le secteur marchand en juin 2010 retrouve celui observé en fin d’année 2005.

Emplois salariés marchands (en millions)
L’économie américaine peine à réduire le chômage

Aux États-Unis, la bonne santé financière des entreprises contraste avec un taux de chômage qui reste proche des 10 %. Selon Natixis, cet écart n’est pas simplement dû au décalage classique entre le retour de la croissance économique et celui des créations d’emplois. Il tient aussi à un dysfonctionnement structurel du marché du travail. Il existe en effet une inadéquation géographique, et plus encore une inadéquation des qualifications requises, entre l’offre et la demande. Les secteurs financier et de la construction avaient atteint en 2005-2006 une part sans précédent(près de 11 %) dans l’emploi total. La crise économique ayant frappé durement ces secteurs en 2008, la question de la reconversion de leurs salariés vers de nouveaux emplois est posée. Le taux de chômage américain devrait donc se maintenir à son niveau actuel dans les mois à venir.

Taux de chômage américain (en % de la population active)L’économie française en chiffresPrévisions internationales 2010 (en %, moyenne annuelle)

Auteur

  • Pierre-David Labani