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Idées

Retraites et santé : le choix du court terme ?

Idées | Bloc-Notes | publié le : 01.10.2010 | Michel Yahiel

LES SALARIÉS LES PLUS EXPOSÉS LÉGITIMEMENT DÉÇUS

Le dénouement provisoire du débat parlementaire sur les retraites, au-delà d’une image bien peu apaisée de la démocratie représentative, est surtout le symptôme des vicissitudes du dialogue social. Il traduit l’impossibilité de trouver la bonne articulation « politique » entre l’intervention du législateur et la sphère d’autonomie des partenaires sociaux. En somme, des liens entre la loi et le contrat. Le contraste est d’autant plus saisissant que la régulation s’opère très bien dans les régimes complémentaires Arrco et Agirc, sans intervention de l’État, et dont, curieusement, personne ne parle dans le débat actuel, malgré leur très grande importance dans la retraite des salariés.

S’agissant de la réforme elle-même, il est certain que l’enjeu était et reste complexe : le gouvernement a fait le choix de l’efficacité financière (relative) et du court terme en relevant les seuils de 60 (pour l’âge légal de départ) et 65 ans (pour la retraite à taux plein) à 62 et 67 ans, au risque d’introduire des gisements d’iniquité sociale assez nets. Relever la durée d’assurance eut présenté les caractéristiques inverses. Mais c’est l’addition de cette équation avec l’absence de véritables réponses à la question de la pénibilité qui rend l’exercice précaire. Car, s’il reste dé­licat de définir des règles solides en la matière, il l’est sans doute encore plus d’avoir fondé le besoin de réforme sur l’allongement moyen de l’espérance de vie : dès lors, en effet, les salariés les plus exposés peuvent légitiment être déçus.

IMPOSSIBLE DE COLMATER TOUTES LES BRÈCHES

L’annonce quasi simultanée d’un nouveau plan d’économies pour l’assurance maladie ne saurait surprendre, compte tenu des déficits abyssaux du régime général. Cela dit, au-delà des mesures précises, il faut d’abord en retenir que nous ne sommes pas « sortis de l’auberge » en matière de dépenses, et donc de financements sociaux, sans omettre le chantier de la dépendance qui reste à ouvrir. On le voit bien, surtout dans l’espace d’une législature, aucun gouvernement ne parviendra à apporter des réponses sur tous ces fronts, en colmatant toutes les brèches. À moins d’engager résolument à la fois une action de court terme, pour réussir un rééquilibrage financier partiel si possible convenablement réparti entre entreprises et salariés, actifs et inactifs, capital et travail, et de définir un agenda de moyen terme, autour d’objectifs plus systémiques (à l’exemple des comptes notionnels en matière de pensions).

Un dernier mot sur l’égalité professionnelle. Voici un nouvel et bel exemple de la dialectique sociale qui pèse notamment sur les DRH : des objectifs incontestables, mais une nouvelle obligation qui se dessine de conclure des accords sous peine de sanction financière. Pour les uns, il faut bien en passer par là pour avancer, comme ce fut le cas avec les seniors. Pour les autres, l’empilement de textes purement formels et l’alourdissement du cahier des charges des négociateurs de terrain ne réglera rien. Preuve que la forme et le fond restent intimement liés pour concevoir des avancées sociales réelles, mais surtout partagées.

Auteur

  • Michel Yahiel