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Idées

Les politiques sociales au crible

Idées | Livres | publié le : 01.10.2010 | Jean Mercier

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Les politiques sociales au crible

Crédit photo Jean Mercier

Souvent, les manuels n’ont droit qu’à quelques lignes, d’une brièveté inversement proportionnelle à l’épaisseur de l’ouvrage. Et pourtant, s’ils énumèrent les sujets de cours, ils tentent aussi de renouveler notre regard sur une matière rebattue. Depuis la sortie de la somme sur les politiques sociales rédigée par Marie-Thérèse Join-Lambert, tous ceux qui s’intéressent au social n’avaient pas trouvé d’équivalent. C’est chose faite. Ce qui frappe d’entrée, c’est l’extrême clarté de l’ensemble. Les chapitres consacrés au droit du travail font le tour des subtilités de la hiérarchie des normes, des rapports complexes entre conventions collectives, ordre public et ordre public dérogatoire, sans nous perdre dans d’inutiles détours. « La flexicurité est aujourd’hui le concept structurant autour duquel s’articule l’ensemble des débats sur le fonctionnement du marché du travail », notent les auteurs, qui se saisissent de cette porte d’entrée pour faire un point complet sur le régime des contrats de travail. Leur résumé des nouvelles règles de représentativité syndicale et leur analyse des évolutions de la négociation collective sont impeccables. Cette rigueur pédagogique ne retient pas les deux hauts fonctionnaires de s’attaquer aux questions qui fâchent. Par exemple : les dépenses pour l’emploi ont-elles des résultats qui justifient les sommes énormes engagées ? On peut dire que leur réponse est modérément positive. L’autre mérite de cette approche dépassionnée des problématiques sociales est qu’elle permet de résister aux effets de mode. Portées au pinacle puis rejetées massivement, les 35 heures sont analysées avec une certaine sympathie par les deux professeurs. Ils soulignent que le coût de la RTT ne dépasse pas 1 milliard net, que son bilan en création d’emplois n’est pas ridicule et que les lois Aubry ont eu pour conséquence une stimulation « forte et durable » de la négociation collective. Tout en se gardant de verser dans les analyses partisanes, les auteurs ne mâchent pas leurs mots quand le diagnostic leur paraît incontestable. C’est le cas pour la formation professionnelle, « sans pilote dans l’avion », dont les dysfonctionnements sont minutieusement répertoriés. Aucun domaine n’est oublié, ni la politique du logement ni celle de la ville. En revanche, et c’est son seul manque assumé, l’ouvrage ignore largement la Sécurité sociale, si ce n’est par le biais des minima sociaux ou du débat sur la dépendance. Une absence partielle qui n’ôte en rien son caractère indispensable à cette lecture pour tous ceux qui sont concernés par la matière sociale.

Les Politiques sociales, Laurent Cytermann et Thomas Wanecq. Éditions PUF, collection « Major ». 374 pages, 24 euros.

Auteur

  • Jean Mercier