La vague des suicides chez Orange a fait redécouvrir le thème de la souffrance au travail par les éditeurs, pour le meilleur et pour le pire. Ce livre entre dans la première catégorie tant son auteur met de soin à éviter confusions et amalgames. Il choisit de privilégier le mot stress à celui de souffrance, ou à l’expression « risques psycho­sociaux », qu’il juge encore « pas stabilisée ». Son premier chapitre rappelle les multiples causes professionnelles qui alimentent le stress tout en soulignant que « les facteurs de stress sont des boîtes noires ou des forteresses » échappant à un certain niveau de compréhension et à l’action. Selon la place que l’on occupe dans la chaîne de valeurs d’une organisation, la charge de travail peut avoir une plus ou moins grande portée émotionnelle. Il est admis que les agents de maintenance sont des populations à risque confrontées à l’impatience de leurs « clients » en même temps qu’ils ont le sentiment d’un manque de reconnaissance. Selon Olivier Tirmarche, « il reste possible de reconfigurer l’organisation en dégageant les paramètres qui structurent le système, et en agissant sur une partie d’entre eux ». Le livre passe en revue plusieurs formes de situations facteurs de stress, comme la débureaucratisation des états-majors, ou l’activité de trader, figure emblématique de ce que l’essayiste nomme « une économie de l’hypervigilance ». En conclusion, l’auteur tente de définir une démarche de prévention fondée sur quelques règles de conduite, avant de souligner que la réponse managériale ne peut être simplement dans la psychologie sociale, qui donne ses plus beaux fruits quand « elle se couple à la réflexion organisationnelle ».

Au-delà de la souffrance au travail. Clés pour un autre management, Olivier Tirmarche. Éditions Odile Jacob. 290 pages, 21,50 euros.