En juillet, sa nomination comme rapporteur du projet de loi portant réforme des retraites à l’Assemblée nationale est tombée sans surprise. Et le fait que Denis Jacquat ait été mis en examen quelques semaines plus tôt pour « abus de confiance et infraction à la législation sur le financement des campagnes électorales » pour avoir recruté et rémunéré un contrat emploi solidarité sur ses comptes de campagne a été balayé par la majorité comme un détail insignifiant. Ce routier de l’Hémicycle, député de la Moselle depuis 1986, est un spécialiste des retraites à l’UMP. Membre de la commission des Affaires sociales depuis 1993, cet ORL qui siège aussi au Conseil d’orientation des retraites ainsi qu’au conseil de surveillance de la Caisse nationale d’assurance vieillesse des travailleurs salariés depuis 2002 est jugé incollable sur les aspects techniques du dossier « retraites », y compris par ses opposants politiques. « C’est un député expérimenté qui a indiscutablement un regard pertinent, reconnaît le socialiste Michel Issindou, député de l’Isère, qui le côtoie à la commission des Affaires sociales. Mais il est assez peu indépendant et suivra à la lettre les recommandations de son ministre et de l’Élysée. Rien ne l’arrêtera, c’est un bon petit soldat. »

L’expertise maximale pour un risque politique minimal, c’est ce qu’incarne donc le rapporteur de la réforme des retraites, qui affirme : « Le texte est juste et équilibré, même s’il reste quelques points à éclaircir, tels ceux des polypensionnés ou de l’assurance veuvage. » Quant à la pénibilité, le député dit regretter qu’elle soit, en France, un sujet polémique : « Je siège à la commission des Affaires sociales du Conseil de l’Europe et je constate que la France est le seul pays ou le problème de la pénibilité se pose en tant que tel. Nos voisins ont plutôt développé une politique de prévention. »

Au début de l’été, Denis Jacquat a été nommé en pleine affaire Woerth. Mais le député mosellan a joué les imperturbables, esquivant avec l’agilité des vieux briscards toutes les questions sur ce sujet potentiellement explosif. « J’ai connu le jour où Michel Rocard a sorti son Livre blanc sur les retraites, en 1991. À l’époque, on disait déjà que ce dossier pouvait faire sauter deux ou trois gouvernements ! Aujourd’hui, il s’agit de faire avancer un texte conçu pour le bien des Français et de la France », défend Denis Jacquat, avant de conclure : « il faut rester zen ». Un sage précepte pour une rentrée qui s’annonce tendue au Palais-Bourbon sur fond de mobilisation syndicale.

66 ans.

Rapporteur du projet de réforme des retraites à l’Assemblée nationale.

DEPUIS 1986

Député (UDF, DLI puis UMP) de la Moselle.

2000

Entre au COR.

DEPUIS 2006

Rapporteur du PLFSS.

2008

Rapporteur de la commission des Affaires culturelles, Familiales et Sociales sur le rendez-vous de 2008 sur les retraites.