La France s’est engagée dans un processus de flexisécurité du marché du travail visant à combiner plus de flexibilité pour les entreprises dans la gestion des emplois et une sécurisation des parcours professionnels des salariés. Objectif affiché : améliorer le fonctionnement du marché du travail. Mais la flexibilité s’est développée beaucoup plus rapidement que la mobilité des salariés, souligne le Conseil d’analyse économique (CAE) dans son dernier rapport. En près de vingt ans, la flexibilité de l’emploi s’est fortement accrue en France, avec une accélération dans la période récente. En 2007, 15,3 % des salariés étaient en contrats temporaires (CDD, intérim, apprentissage, contrats aidés), contre 9,6 % en 1990. Dans le même temps, la sécurisation des parcours professionnels a peu évolué. Entre 2007 et 2008, seuls 5 % des salariés ont changé d’entreprise. Or, souligne le CAE, « la flexibilité sans la mobilité peut avoir des conséquences négatives sur la productivité, sur la cohésion sociale et donc sur le potentiel de croissance en France ». Pour rééquilibrer ces évolutions du marché du travail, le CAE propose plusieurs mesures.

Les auteurs du rapport préconisent ainsi, afin d’inciter les entreprises à l’amélioration qualitative des emplois, un bonus-malus sur les cotisations chômage et les obligations de reclassement en fonction de la qualité de la formation offerte aux salariés par leur employeur. Ils suggèrent également la création d’un système d’assurance couvrant les pertes salariales en cas de réorientation professionnelle. Enfin, ils se prononcent pour la généralisation sur l’ensemble du territoire des contrats de transition professionnelle aux travailleurs précaires. Des pistes qui devraient alimenter le débat sur la sécurisation des parcours professionnels.

Selon l’enquête de Pôle emploi sur les besoins de main-d’œuvre, 1,7 million de projets d’embauche a été recensé pour 2010. Les métiers de la vente, du tourisme et des services restent les plus recherchés. Ils représentent 39 % des prévisions de recrutement, loin devant les fonctions sociales et médico-sociales (12,4 %). Aides de cuisine, animateurs socioculturels, employés de l’hôtellerie, aides à domicile sont parmi les professions les plus demandées. Du côté des services aux entreprises, les projets de recrutement visent des ingénieurs, des chefs de projet informatique, mais également des agents d’entretien ou des secrétaires de bureau. Desprojetsd’embauche parfois difficilesàconcrétiser (4 embauches sur 10 escomptées, selon les entreprises interrogées). Le manque d’attractivité de certains métiers et la pénurie de main-d’œuvre qualifiée expliqueraient ces difficultés.

Le faible taux d’emploi des seniors est l’un des problèmes du marché du travail français. Afin d’y remédier, la puissance publique a incité les entreprises à mettre en place des « plans d’action » visant à conserver les seniors en emploi. Le succès est mitigé alors que le marché de l’emploi se dégrade avec la crise économique. À l’aube d’une nouvelle réforme du système de retraite, une étude réalisée par l’Edhec estime que le report de l’âge moyen de départ à la retraite améliorerait le taux d’emploi des seniors. En effet, si l’horizon deprésence des travailleurs âgés sur le marché du travail était allongé, cela pourrait encourager les entreprises à les maintenir en poste et à investir dans leur formation. Selon l’Edhec, retarder d’un an l’âge effectif de départ à la retraite permettrait une progression de 5 points du taux d’emploi de la tranche d’âge des 55-59 ans.