Les Français se forment moins que leurs voisins européens et utilisent encore peu l’e-learning. Dure réalité.
Quelles conclusions tirez-vous de l’étude (1) de Cegos sur les points de vue comparés des salariés de quatre pays européens sur la formation professionnelle ?
La France présente deux faiblesses. La première sur le manque d’appétence des salariés malgré le DIF. La seconde sur la faible utilisation des nouvelles technologies. Le moteur individuel est comme grippé. 52 % des formations suivies en France viennent d’une initiative personnelle, contre 68 % en Allemagne ou 67 % en Espagne. Les Français sont aussi moins prêts à se former hors temps de travail et à payer pour apprendre. 83 % des Allemands accepteraient d’empiéter sur leur temps de loisirs, contre 64 % des Français. Deux tiers de nos voisins outre-Rhin pourraient financer eux-mêmes leur formation, contre 35 % des Français.
Comment expliquez-vous ce manque d’initiative personnelle ?
La France continue de figurer dans le peloton de tête en matière d’accès à la formation. Mais la formation est trop administrée. Le système qui était utile il y a trente ans doit être revisité. La France a développé très tôt son système de formation continue, mais il s’est peut-être un peu enlisé. Contrairement à l’Espagne, partie plus tard et pourtant plus en avance actuellement sur l’utilisation des nouvelles technologies. Les salariés sont aussi assez peu offensifs parce qu’ils savent que la formation ne s’accompagne pas toujours d’une reconnaissance salariale.
Quel pays évalue ses formations ?
Tous le font, mais la Grande-Bretagne évalue davantage l’efficacité et les acquis. D’où un entretien postformation avec le manager plus fréquent (31 %, contre 15 % en France).
Pourquoi vous inquiétez-vous de la place des nouvelles technologies ?
La France est le pays qui diversifie le moins les modalités de formation. En Grande-Bretagne, 41 % des formations associent enseignement en salle et en e-learning, contre 13 % seulement en France. 54 % des Espagnols ont expérimenté les actions à distance, contre 19 % des Français. Or l’e-learning permet de former plus de salariés, plus vite, au meilleur coût. Attention de ne pas se faire distancer.
(1) « Quelle formation professionnelle aujourd’hui et pour demain ? Points de vue comparés en France, en Allemagne, en Espagne et en Grande-Bretagne ». Enquête réalisée en mars 2010 auprès de 2 200 salariés.
