Toujours plus vite et toujours mieux, c’est la dure loi de l’entreprise aujourd’hui. Un impératif que les trois auteurs, consultants anglo-saxons, résument sous le terme de vélocité. Leur ouvrage tranche avec la production courante dans le domaine managérial en ce sens qu’ils ont privilégié la forme du « roman d’entreprise » pour exposer leur projet de combiner, comme l’exprime le sous-titre de couverture, « le Lean, le Six Sigma et la Théorie des Contraintes ». Évidemment, ce n’est pas du Patrick Modiano. Pour les accros du boulot exclusivement.
Vélocité, un roman d’entreprise, Dee Jacob, Suzan Bergland et Jeff Cox. Éditions Pearson. 380 pages, 29 euros.
La mutation que connaît depuis quelques années La Poste est une des plus probantes expériences d’évolution d’un grand secteur public. L’historienne Catherine Malaval en retrace les principales étapes, s’attarde sur l’image du facteur, évoque la mythologie du J + 1, raconte les visites de terrain des responsables pour lancer cette révolution de sept ans, examine les relations avec les puissants syndicats de la maison. « Comme toute entreprise publique, rappelle l’auteure, La Poste est rarement maîtresse de son temps, une grosse loupe médiatique est posée sur elle, en permanence. » Ce n’est pas une loupe aussi précise que celle de Catherine Malaval, qui nous apprend beaucoup de choses, même si elle se garde un peu trop de faire briller son esprit critique.
La Poste au pied de la lettre. Six ans d’enquête sur les mutations du courrier, Catherine Malaval. Éditions Fayard. 236 pages, 15,90 euros.
Cadre dans la finance, Martine Le Gall raconte le parcours du combattant qu’a représenté pour elle la recherche, pendant deux ans, d’un nouvel emploi. L’auteure dépeint comment le fait d’être une femme continue de poser de multiples problèmes dans la recherche d’un emploi, stigmatise le jugement à la tête du client, encore très en vigueur malgré la prétendue professionnalisation des procédures de recrutement. Son expérience de Pôle emploi ne l’a pas rassurée sur la qualité de ce service public. Mais ce n’est rien comparé avec les stratégies de manipulation de certains employeurs peu scrupuleux. Le maître mot pour en sortir ? « La persévérance, encore et toujours. »
« Vous êtes trop qualifiée pour le poste… », Martine Le Gall. Éditions Albin Michel. 174 pages, 14 euros.
La gestion ennemie du social, c’est la thèse de cet ouvrage qui voit la main de la « chalandisation », un cocktail de privatisation et de marchandisation, à l’œuvre dans un lent travail de sape du pacte social. Logique du business dans l’action sociale, rhétorique de la qualité, nouvelles technologies installant « Big Brother » sur le lieu de travail, administration soumise à la tyrannie de l’usager, territorialisation du traitement social. Michel Chauvière a chaussé des lunettes noires pour apprécier la manière dont sont gérés les grands services de l’action sociale. « Une autre modernisation de la solidarité reste possible », écrit-il dans cette réédition d’un ouvrage paru en 2007.
Trop de gestion tue le social, Michel Chauvière. Éd. La Découverte. 232 pages, 21,50 euros.