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Enquête

Les comités d’entreprise dépassés

Enquête | publié le : 01.06.2010 | Laure Dumont

Débordées par les tâches, bousculées par les évolutions de l’entreprise et les attentes des salariés, ces institutions sexagénaires ont de plus en plus de mal à remplir leur mission.

Un trou supposé de 21 millions d’euros au CCE d’Air France, des soupçons de fausses factures au CE SNCF de Lyon, des plaintes pour détournement de fonds et harcèlement moral au CE de Disneyland Paris… Les comités d’entreprise sont sous les feux de la rampe, mais le tableau est bien peu reluisant. Ces affaires récentes dépeignent un monde opaque, empreint de tabous sur l’argent, les pratiques de management, la relation au pouvoir. Personne n’en sort grandi, ni les élus ni les directions d’entreprise, tandis que les salariés, pourtant directement concernés, restent les grands absents des débats. Mais ces faits divers qui écornent l’image des comités d’entreprise ne concernent que des gros CE, dotés de moyens financiers et humains importants et fonctionnant presque comme des PME. À ce titre, ils ne sont guère représentatifs. Sur les 30 000 CE que l’on compte en France, la majorité sont des petites structures couvrant quelques centaines de salariés au maximum. En moyenne, chaque CE recense cinq titulaires et cinq suppléants, soit, au total, 230 000 personnes pour gérer un budget moyen annuel de 150 euros par salarié, à peine plus de 10 euros par mois. Ces chiffres ne sont que des estimations, car les comités d’entreprise font rarement l’objet d’investigations. La Dares n’a pas réalisé d’étude sur le sujet depuis le début des années 90 et le ministère de la Culture a récemment évacué, dans son enquête sur les pratiques culturelles des Français, la question sur le rôle des CE. Les syndicats n’apportent pas plus d’éclairage. La CGT et la CFDT ont supprimé leurs secteurs CE et cachent leur désintérêt pour ces structures derrière le respect de leur indépendance.

Mal-aimés, les comités d’entreprise ? Faut-il les réformer, comme le proposent le Medef ou le rapport de Jacques Barthélémy et Gilbert Cette sur la refondation du droit social ? Faut-il supprimer les plus petits, comme le préconisait la commission Attali ? Les CE fêtent leurs 65 ans cette année mais n’ont pas su s’adapter aux mutations de l’entreprise et du salariat. Souvent dépassés par l’ampleur de leur tâche, par les attentes de plus en plus individualistes des salariés, par l’ambiguïté de leurs relations avec les directions, ils se sont éloignés de l’esprit d’origine.

Auteur

  • Laure Dumont