La France, expliquent tous ceux qui se sont frottés à l’exercice du pouvoir, est un pays difficile à gouverner. Cette sixième édition de l’Observatoire français des retraites, publiée en exclusivité par Liaisons sociales magazine et Protection sociale informations, en administre la preuve.
Moins de deux ans après le déclenchement d’une crise financière qui a fait des ravages sur le front de l’emploi, alors que le péril grec menace l’Europe et que, dans l’Hexagone, les déficits explosent, les Français font montre de lucidité sur la réforme capitale que s’apprête à engager le gouvernement.
Ils admettent son caractère inéluctable, au nom de la solidarité intergénérationnelle. Mais ils manifestent aussi un refus des sacrifices. Or, pour sauver le fameux modèle social français dont le système de retraite par répartition est l’un des piliers, il va bien falloir se serrer la ceinture. Et travailler plus longtemps.
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Ce sont les actifs occupés qui sont les plus préoccupés (85 % d’inquiets) par le montant de leur retraite future, et, plus généralement, par leur niveau de vie (77 % d’inquiets) au moment de la retraite. Tandis que les retraités font – logiquement – preuve de plus d’optimisme, sur tous les plans : montant de la retraite, niveau de vie et santé.
La pédagogie dont fait preuve le gouvernement, bien aidé par les travaux du Conseil d’orientation des retraites, commence à porter ses fruits. Moins d’un quart des Français pense que la réforme des retraites peut attendre. Et il n’y en a pratiquement aucun qui ne se déclare pas préoccupé par ce sujet « grave ». Mais si, sur le constat, tout le monde s’accorde, c’est sur les modalités de la réforme que le bât blesse.
Au lieu d’être un dossier fédérateur, les retraites sont un sujet de discorde entre les Français et le gouvernement, puisque les deux tiers ne lui font pas confiance pour régler le problème. Sans surprise, 82 % des sympathisants de la gauche parlementaire font partie des sceptiques, mais un tiers des sympathisants de l’UMP font preuve de défiance sur ce dossier à l’égard de l’équipe gouvernementale.
Pérenniser les régimes de retraite par répartition est considéré comme un impératif à l’égard des jeunes générations. Mais, au-delà de ce constat plutôt rassurant, les opinions des Français ont de quoi déconcerter. Une majorité dénie l’évidence, à savoir que l’augmentation de l’espérance de vie implique un allongement de la durée de cotisation. De la même façon, plus de la moitié des personnes interrogées estime que la France doit continuer de faire bande à part, alors que nos voisins européens ont presque tous relevé l’âge légal de départ à la retraite.
Près de la moitié des sympathisants de l’UMP sont favorables à l’harmonisation des modes de calcul des retraites des secteurs public et privé. Tandis que les sympathisants de gauche, et ils sont nombreux parmi les fonctionnaires, privilégient la taxation des entreprises (43 %) et la création d’une contribution sur le patrimoine des plus aisés (41 %). Mais le plus inquiétant pour le gouvernement, c’est que deux des pistes de réforme privilégiées, l’augmentation de l’âge légal et l’allongement de la durée de cotisation, ne rencontrent d’écho ni à gauche ni à droite !
