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Métropoles

Dix figures nantaises du social et de l’emploi

Métropoles | publié le : 01.05.2010 |

Patrons, syndicalistes, enseignants…, leur contribution au dynamisme économique et social de la métropole de l’Ouest est indéniable.

ALAIN MUSTIÈRE, PRÉSIDENT DU CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL
P-DG militant du partenariat

Il était adjoint au maire de Saint-Herblain quand celui-ci a été battu en 1977 par Jean-Marc Ayrault. « À ce moment, j’ai abandonné la politique pour ne me consacrer qu’au développement économique. Depuis, avec mon ancien opposant politique, nous n’avons jamais cessé de travailler ensemble », s’amuse Alain Mustière, qui incarne bien ce partenariat pragmatique des responsables économiques et politiques nantais pour faire avancer les dossiers économiques, au-delà des couleurs politiques. Du CJD à la CCI jusqu’au conseil économique et social qu’il préside depuis 1997, Alain Mustière s’est toujours pleinement impliqué dans le développement économique tout en gardant ses fonctions de P-DG de Mustière Automobiles, l’entreprise familiale dans laquelle il a débuté à 18 ans. Il est devenu une figure locale influente. Bien conscient de la fragile situation géographique de la région dans le contexte européen et international actuel, il pousse les acteurs locaux à se mobiliser pour que les Pays de la Loire se démarquent dans le palmarès des régions françaises qui comptent. L. D.

ALAIN SUPIOT, PROFESSEUR DE DROIT, DIRECTEUR DE L’INSTITUT D’ÉTUDES AVANCÉES DE NANTES
Un animateur de la recherche décloisonnée

Cet éminent juriste, spécialiste du droit du travail, est toujours resté fidèle à Nantes, ignorant les multiples sollicitations que lui apporte sa renommée internationale. Après avoir fondé et dirigé la Maison des sciences de l’homme Ange-Guépin, il a créé l’Institut d’études avancées de Nantes, qu’il dirige depuis 2003. Doté depuis 2008 du statut de fondation d’utilité publique, l’IEA de Nantes est le seul en France à appartenir au réseau international des instituts d’études avancées. Spécialisé dans les sciences humaines, avec un intérêt particulier pour l’étude du travail et du droit social, il accueille des chercheurs le temps d’une année universitaire, dans un esprit de liberté, d’ouverture et d’échange. « Nous sommes un antidote aux maux du système universitaire, notamment parce que nous privilégions les échanges informels et transdisciplinaires entre les chercheurs. Nous pensons qu’ils sont la source d’une grande créativité », revendique Alain Supiot. L’IEA de Nantes a déjà accueilli plus de 80 pointures venues du monde entier, plus particulièrement des pays émergents. L. D.

ANNIE SOREL, Créatrice D’ASEA ET DE BUSINESS AU FÉMININ À NANTES (BFN)
Entrepreneuse d’avant-garde

Quand elle intègre l’ESCP en 1976, sa promotion est seulement la troisième à accueillir des femmes. Puis, chez Arthur Andersen, Annie Sorel fait partie des huit premières femmes embauchées par le cabinet de conseil. Plus tard, au sein du groupe Mulliez, elle sera la première femme au comité de direction de Kiabi. C’est en accédant à ces hautes responsabilités qu’elle s’est cognée au plafond de verre. Elle découvre alors le réseau Grandes écoles au féminin (GEF), un réseau d’entraide et de soutien aux femmes dans leurs projets professionnels.

Arrivée en 2005 à Nantes, cette passionnée de la fonction achats crée Asea, une agence de conseil en écoachats pour les entreprises. « Nantes et sa région sont territoires de commerce équitable, on y trouve une forte sensibilité aux questions de développement durable », souligne-t-elle. Étonnée par le peu de femmes présentes dans les hautes sphères économiques nantaises, Annie Sorel décide de poursuivre son action en faveur de leur promotion dans l’entreprise. Dans le même esprit que GEF, elle crée Business au féminin à Nantes. Tous les mois, ses 60 adhérentes se retrouvent pour échanger, se former et se soutenir. L. D.

YVAN RICORDEAU, DÉLÉGUE DE L’UNION RÉGIONALE CFDT
Un fervent partisan du dialogue

Il est né et a étudié à Nantes, il a grandi et travaillé à Saint-Nazaire. En juin 2009, ce quadra a succédé à Laurent Berger, devenu secrétaire national, comme délégué de l’union régionale CFDT. Première organisation syndicale des Pays de la Loire et l’une des plus importantes unions régionales CFDT : 60 000 adhérents, dont 15 000 dans le bassin d’emploi nantais. Arrivé en pleine crise, il entend poursuivre la méthode de son prédécesseur pour protéger l’emploi. Il parle fièrement de la charte tripartite inédite signée entre les partenaires sociaux, la Région et l’État pour lancer le programme de formation destiné aux salariés de la navale. « Nous sommes sur une terre de dialogue où l’on est capable, en cas de coup dur dans une entreprise, de monter une table ronde en vingt-quatre heures avec tous les acteurs économiques et politiques pour trouver des solutions », explique-t-il. Des idées et de l’enthousiasme : Yvan Ricordeau va en avoir encore besoin en 2010, alors que la conjoncture piétine. L. D.

JACQUES FLOCH, PRÉSIDENT DE L’INSTITUT KERVÉGAN
Un avocat agitateur d’idées

C’est un des piliers de l’Institut Kervégan qui en a été élu président au début du mois de mars. À 72 ans, l’avocat Jacques Floch connaît bien le fonctionnement de ce cercle de réflexion avant-gardiste qu’il a rejoint dans les années 80 et qui contribue depuis sa création, en 1977, à alimenter la réflexion et l’action des acteurs politiques, culturels et économiques locaux. Pas facile pour autant de succéder à Jean-Joseph Régent, le créateur de Kervégan, qui en a assuré l’animation et la présidence jusqu’à sa mort en juin dernier. L’ancien maire de Rezé, qui fut aussi conseiller général, député, membre du gouvernement Jospin et soutien de Ségolène Royal à la présidentielle de 2007, a choisi pour inaugurer ses nouvelles fonctions d’axer le travail des 150 adhérents de l’institut sur deux questions clés pour l’espace nantais : comment bâtir un pôle universitaire d’excellence ? quel avenir pour les industries de la construction navale et de l’aéronautique ? Un programme ambitieux mais crucial. L. D.

PASCAL PRIOU, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE L’UNSA
Le syndicaliste qui monte

Pascal Priou bouscule les « vieux » syndicats. « Ils ont échoué à séduire les salariés », clame-t-il. Ce professeur des écoles de 48 ans a créé l’Unsa de Loire-Atlantique en 1999 pour reprendre le flambeau. L’Unsa est aujourd’hui la quatrième force syndicale, pleine d’appétit, derrière la CGT, la CFDT et FO. Au milieu d’elles, il se veut rassembleur, jouant le « pivot ». Quand, divisées, elles hésitent à descendre dans la rue pour défendre les chantiers navals, il annonce que l’Unsa y va. Comment ne pas suivre ? Les éboueurs CGT se mettent en grève à propos d’une réorganisation des circuits de collecte ? Il stigmatise l’atteinte portée aux services publics. Au risque d’apparaître, lui, l’encarté au PS, comme le « relais » du maire socialiste de Nantes, Jean-Marc Ayrault. « Moi, je ne vais sur aucune liste aux régionales », rétorque-t-il. Pascal Priou compte sur la « modernité » des gènes de l’Unsa, autonomie de pensée et d’action, responsabilité, pour se lancer à l’assaut des bastions industriels : Airbus, STX (les ex-Chantiers de l’Atlantique)… Prêt, au besoin, à former comme ailleurs des sections syndicales mixtes Unsa-CGC. Un rapprochement qu’il défend dans toute la France en tant que secrétaire national de l’Unsa, chargé du développement. H. H.

YVES TUAL, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE LA CGT DU PORT DE NANTES-SAINT-NAZAIRE
Le cégétiste résistant et incontournable

Aux régionales, Yves Tual était candidat PC sur la liste PS, mais en position inéligible. Le redouté secrétaire de la CGT du port de Nantes-Saint-Nazaire reste incontournable. Après seize ans de mandat et à bientôt 52 ans, il prévient : « Après moi, la CGT sera encore là. » Il se donne quelques mois avant la préretraite pour y veiller par le biais d’un bouclage « couleur locale » de la réforme portuaire. En février, il a choqué en retardant la livraison d’un paquebot mais il a gagné. Grutiers et dépanneurs seront transférés vers une seule entreprise au lieu de suivre chaque outillage, cédé au privé. Il négocie les statuts de la future entité, y compris l’application de droits syndicaux de « haut niveau ». « La réforme avait aussi pour but de casser la CGT des Ports, ce sera plus dur », se rassure-t-il. En parallèle, pour garder intacte la motivation des jeunes qui votent CGT à plus de 95 %, il leur explique que seule la lutte a permis de décrocher « chaque ligne d’avantages sur [leur] fiche de paie ». H. H.

SERGE BOUREAU, P-DG DE LA SCOP MACORETZ, PRÉSIDENT DES ÉCOSSOLIES
L’entrepreneur d’une autre économie

A 49 ans, Serge Boureau, après avoir créé et développé une Scop de 120 salariés dans le bâtiment, insuffle une dynamique d’entreprise à l’économie sociale et solidaire nantaise. Depuis deux ans, il préside les Écossolies, regroupement des structures du secteur. Pour lui, l’économie sociale doit mettre en avant son côté entrepreneurial. « Nous créons des emplois, nous travaillons de manière sérieuse, efficace. Mais notre image reposera sur notre capacité à dégager des résultats financiers. » Serge Boureau pousse ce tiers secteur à rechercher cette crédibilité économique. Un siège régional doit voir le jour à Nantes, pour y « mutualiser » les services dont il a besoin. Afin de rendre le travail collectif plus visible aussi. « L’économie qui retrouve du sens parce qu’elle a l’homme au cœur de son projet, il faut que ça se voie. » Elle se développe dans les services, dans l’habitat social, bien au-delà des limites de Nantes. « Une goutte d’eau peut-être, estime Serge Boureau, mais qui compte face aux dérives du capitalisme, pour redorer l’image de l’entreprise. » H. H.

GÉRARD ESTIVAL, PRÉSIDENT DE NANTES ATLANTIQUE PLACE FINANCIÈRE
Le « banquier » utile

Expert-comptable, Gérard Estival est un ex-associé de Deloitte & Touche. Mais c’est en tant que président du club local des banques, Nantes Atlantique Place financière, qu’il a lancé, l’an dernier, un ovni : le prêt régional de redéploiement industriel, pour secourir des entreprises malmenées par la crise. Cela à la demande de Jacques Auxiette, le président socialiste des Pays de la Loire. « Il fallait trouver un moyen rapide d’augmenter leurs fonds propres et leur donner du temps. » Il invente un prêt participatif sur huit ans, avec différé d’amortissement de quatre ans, garanti par la Région. Les banquiers suivent. « Ils ont montré qu’ils pouvaient être utiles dans la crise. » Du coup, une cinquantaine d’entreprises peuvent souffler un peu. La Région veut maintenant se doter d’un fonds souverain pour « maintenir l’outil économique dans la crise ». Gérard Estival est partant. De même, il a mobilisé ses « collègues » pour l’emprunt régional de 80 millions destiné à accélérer ses investissements. Avec lui, les banquiers nantais, s’ils continuent de voter à droite, travaillent avec la gauche quand ? elle gagne. H. H.

PATRICK CHEDMAIL, DIRECTEUR DE L’ÉCOLE CENTRALE DE NANTES
Aiguillon des grandes écoles

Avec Jean-Pierre Helfer, directeur de l’école de management Audencia, et Stéphane Cassereau, à la tête de l’École des mines de Nantes, Patrick Chedmail incarne la nouvelle génération qui bouscule et booste les grandes écoles nantaises. Comme ses deux homologues, c’est en 2002 qu’il a pris la direction de Centrale Nantes, où il enseignait la mécanique et la robotique, après un passage dans l’industrie. Depuis, il multiplie les synergies et les partenariats avec les écoles et les universités du bassin de formation nantais.

Il est à l’origine de la création des doubles diplômes d’ingénieur manager avec Audencia, et d’ingénieur architecte avec l’École nationale supérieure d’architecture de Nantes. Depuis janvier 2010, Audencia, Centrale et les Mines se sont alliées dans une nouvelle structure baptisée NATech : « C’est une alliance cohérente car nos trois écoles partagent les mêmes valeurs, se réjouit Patrick Chedmail. Pour nous, 1+1+1 font plus que 3 ! Avec 4 850 étudiants, 320 doctorants, nous augmentons notre attractivité, notre rayonnement international. » Comme ses collègues de NATech, Patrick Chedmail souhaite que Nantes devienne un « campus d’excellence ». L. D.