La crise va durablement dégrader l’équilibre financier des régimes de retraite, selon les projections actualisées du COR, publiées le 14 avril. Conséquence, alors que les besoins de financement des régimes ont déjà été multipliés par trois entre 2008 et 2010, ils devraient atteindre, selon les scénarios retenus, entre 38,3 et 40,3 milliards d’euros par an en 2015. Soit le niveau de déficit attendu pour 2040, selon les estimations du COR de 2007.

Si les effets de la crise s’estompent à long terme, le vieillissement démographique continue à peser, le déséquilibre étant compris entre 72 et 115 milliards d’euros par an à l’horizon 2050. La somme des déficits cumulés entre 2006 et 2050 atteindrait 77 points de PIB dans le meilleur des cas, soit 16 points de PIB de plus qu’escompté en 2007.

Et encore ces projections sont-elles fondées sur des perspectives macroéconomiques plutôt favorables, prévoyant, au pire, un taux de chômage de 7 % en 2022 et un taux de productivité de 1,5 % (contre 1,2 % avant la crise). « Aller plus loin aurait fait trop peur », note Danièle Karniewicz, présidente (CFE-CGC) de la Cnav. « Pas question de céder au scénario catastrophe ou repoussoir », s’est défendu Raphaël Hadas-Lebel, président du COR. D’autant que les efforts à accomplir pour rétablir l’équilibre sont déjà importants : rien qu’à l’horizon 2020 et sous réserve d’un âge effectif moyen de départ à la retraite (61,6 ans) décalé d’un an, il faudrait, au mieux, soit une hausse des prélèvements de 5,2 %, soit un décalage de près de quatre ans supplémentaires de l’âge effectif moyen de départ à la retraite, soit une baisse du rapport entre la pension moyenne et le revenu moyen net de 22 %. Autant dire, selon Raoul Briet, président du conseil de surveillance du Fonds de réserve pour les retraites, que, « loin d’être noircis, les problèmes sont bien à la porte et appellent des mesures correctrices ».