Après New York, Paris et la Fondation Henri-Cartier-Bresson mettent à l’honneur les Petits Métiers d’Irving Penn, disparu à 92 ans en 2009.
Marchands de journaux, ramoneurs, gardiennes de voitures, vendeurs de marrons… À Paris, Londres ou New York, tous étaient tenus de pénétrer, contre dédommagement, dans le studio d’Irving Penn munis de leurs outils ou en tenue de travail. Ce ne fut pas sans mal. « Des trois, les Américains étaient les plus imprévisibles. En dépit de nos recommandations, quelques-uns arrivèrent aux séances changés de pied en cap, rasés de près et parfois même dans leur costume sombre du dimanche, convaincus de faire leurs premiers pas vers Hollywood », racontera par la suite le photographe américain, frère aîné du cinéaste Arthur Penn. À leur décharge, il faut dire qu’Irving Penn était déjà, à l’époque, dans les années 50, un collaborateur de longue date du magazine Vogue, connu pour ses photos glamour de mannequins. Et qu’en extirpant ces modèles professionnels de la rue ou de leur atelier pour les positionner devant un arrière-plan fait d’un rideau de théâtre abandonné il les transformait presque en icône. Par un éclairage les « dramatisant » volontiers. Comme pour mieux souligner la fragilité de la situation de ces hommes et de ces femmes. Pour faire prendre conscience d’un monde en pleine mutation : celui des petits métiers urbains, qu’il pensait en voie de disparition. Cette démarche d’entomologiste, inspirée par le travail du photographe français Eugène Atget également sur les petits métiers, Irving Penn la prolongera sur d’autres thèmes.
Intéressé par la problématique de l’extinction des cultures dans le monde, il se déplacera, de 1948 à 1971, sur tous les continents avec son studio ambulant, en quête de portraits d’indigènes. Les traitant toujours sur un pied d’égalité, dans un décor neutre à même d’exacerber leur singularité. Dans la série des Petits Métiers, la Fondation Henri-Cartier-Bresson présente 100 images « jamais montrées à Paris ». Une raison supplémentaire de ne pas manquer l’exposition d’Irving Penn, disparu l’an passé à 92 ans.
Les Petits Métiers, d’Irving Penn. Jusqu’au 25 juillet à la Fondation HCB, Paris XIVe.