Comment se réinsérer quand on a tout perdu ? Xabi Molia signe un premier film sensible.
Inutile de demander à Elsa (épatante Julie Gayet) ce qu’elle souhaite faire. Comme métier, s’entend, question récurrente des entretiens d’embauche auxquels on assiste. Elsa rougit, bafouille, défaille. Et on imagine sans mal le gouffre ouvert sous ses pieds, l’angoisse comprimant sa poitrine, la douleur. Sans diplôme, sans ressources autres que des petits boulots au black, bientôt sans logement, la fragile Elsa dérive mais surnage. Accrochée, comme une naufragée à sa bouée, à l’idée de trouver un boulot stable pour reprendre la garde de son fils. Quoique, on ne sait pas bien si elle le pense ou si elle veut s’en convaincre. Tant elle ment, obnubilée par le maintien des apparences.
Son chemin de croix, son manque de confiance, sa solitude, 8 Fois debout nous les fait partager d’abord physiquement. Oscillant entre lucidité et absence à elle-même, Julie Gayet crève l’écran. Mais le réalisateur, Xabi Molia, ne donne pas seulement à voir le combat pour refaire surface de tendres losers, Elsa et son lunaire voisin de palier (Denis Podalydès), mal formatés pour le monde du travail. Il le fait sans pathos, sans sacrifier à la poésie ni à l’humour (savourer cet éloge du doute de Podalydès devant un DRH pantois). Un premier film prometteur.
8 Fois debout, film de Xabi Molia (1 h 43), avec Julie Gayet et Denis Podalydès. Sortie le 14 avril.