Le contrat de travail occupe une place essentielle dans la vie sociale en France. Rares sont les réformes qui ne le touchent pas d’une manière ou d’une autre. Il fait parfois figure d’ennemi public numéro un chez les économistes, qui n’apprécient guère les rigidités pesant sur le fonctionnement harmonieux du marché du travail. Toutes ces dimensions plaident pour le choix de l’approche pluridisciplinaire privilégiée par ce livre collectif, issu d’un séminaire de recherche. Les trois coordinateurs de l’ouvrage, Bernard Gomel, Dominique Méda et Évelyne Serverin constatent que la « déréglementation » du contrat de travail réclamée et poursuivie au cours des dernières années s’est surtout traduite par « une débauche de règles à tous les niveaux ». Ils pointent les nouvelles formes de ruptures qui sont venues s’ajouter au fil des ans. Leur analyse donne aujourd’hui raison à ceux qui ont refusé la fermeture du site Total de Dunkerque car, pour ces spécialistes, « le regard sur les ruptures doit aujourd’hui se déplacer là où se déroule le processus de destruction des emplois, dans les fermetures de sites de production ».

L’ouvrage est une sorte de répertoire des différentes manières de « supprimer, alléger ou contourner la protection des travailleurs ». L’ensemble remet en cause beaucoup d’idées reçues sur les protections du CDI, dressant le bilan des CNE, exposant les nouvelles formes d’utilisation des CDD, décrivant la flexibilité du contrat de travail telle qu’elle est pratiquée dans le BTP. Le rôle de la justice, notamment prud’homale, est largement traité. De même que les stratégies syndicales face au licenciement. Un travail précieux par ces temps de ruptures pour l’emploi.

L’Emploi en ruptures, sous la direction de Bernard Gomel, Dominique Méda et Évelyne Serverin.

Éditions Dalloz. 260 pages, 35 euros.