Le top départ du vrai rendez-vous des retraites est fixé au 14 avril, avec l’annonce des prévisions du Conseil d’orientation des retraites (COR) relatives au déficit des régimes en vigueur à l’horizon 2050. La crise est passée par là et les syndicats s’attendent au pire. « Les chiffres du premier rapport (du 27 janvier 2007) étaient mauvais. Nous pensons que ceux-ci le seront davantage », s’inquiète Éric Aubin, le cégétiste chargé des retraites.

Force est de constater que les estimations, couvrant la période allant de 2007 à 2020, étaient trop optimistes. À l’époque, le COR tablait sur un besoin de financement de 24,8 milliards d’euros en 2020 et sur un taux de chômage proche de 4,5 %. Au dernier trimestre 2009, ce taux flirtait avec les 10 %. Et les systèmes de pension réclament, déjà, plus de 25 milliards d’euros. « Notre système de retraite a été forgé en 1945 pour des carrières masculines, linéaires et dynamiques », rappelle Jean-Louis Malys, le Monsieur Retraite de la CFDT. Le constat est unanime : la réforme s’impose. Pourtant, les discussions s’annoncent houleuses. Avec, d’un côté, le gouvernement et les représentants du patronat, Medef en tête, partisans du recul à 61 ans de l’âge légal de la retraite et de l’allongement de la durée de cotisation, en passant de quarante à quarante et un ans d’ici à 2012. Et, de l’autre, les syndicats de salariés, favorables à une hausse des cotisations : « Les salariés sont prêts à payer un peu plus si cela leur permet de partir à 60 ans », affirme-t-on à la CGT. Mais la crainte d’une réforme « comptable et paramétrique », pour reprendre les mots de Jean-Louis Malys, plane. D’autant qu’en cas de désaccord « le gouvernement prendra ses responsabilités », insiste Nicolas Sarkozy, se référant au projet de loi prévu pour septembre. Mais la pression reste forte. En témoigne la mobilisation du 23 mars.