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Tableau de bord

Faut-il augmenter les cotisations de retraite ?

Tableau de bord | publié le : 01.03.2010 |

Henri Sterdyniak Économiste à l’OFCE, professeur associé à Paris-Dauphine

Le système français de retraite doit assurer aux salariés un niveau de vie équivalent à la retraite à celui de leur période d’activité, à partir de l’âge où les entreprises refusent de les employer. Face au vieillissement de la population, l’ajustement ne peut se faire par la baisse du niveau des retraites, mais essentiel­lement par l’allongement de la durée d’activité. Toutefois, la pénibilité de la carrière et les possibilités effectives d’emploi après 60 ans doivent être prises en compte. Reste que chacun doit pouvoirbénéficier d’une retraite heureuse, active, en bonne santé. Aussi faudrait-il augmenter progressivement les taux de cotisation retraite : de l’ordre de 0,2 point par an de 2011 à 2030. Cettehausseserait d’autant mieux acceptée que le niveau et la pérennité des retraites publiques seraient garantis. Elle pourrait porter sur les cotisations salariés, ce qui ne menacerait pas la compétitivité des entreprises. Enfin, on pourrait transformer progressivement les cotisations employeurs maladie en cotisations retraite et faire financer la maladie par la CSG de façon à faire porter l’accroissement du prélèvement sur l’ensemble des revenus des ménages (et non sur les seuls revenus d’activité).

Jacques Bichot Économiste, membre honoraire du Cese

Quand on ne fait pas ce qui serait souhaitable, on est amené à faire ce qui ne l’est pas. On aurait dû lancer les études en vue d’une réforme systémique en 1991, à la suite du Livre blanc de Michel Rocard. Des lois auraient été votées à la fin des années 90, faisant passer notre système de retraite par répartition de la solidarité catégorielle et de la complication maximale à la solidarité nationale (unification des régimes), à la simplicité et à la liberté responsable. Après adaptation du personnel et des systèmes informatiques, le nouveau système aurait remplacé l’ancien vers 2002, rendant inutiles des lois de rafistolage à répétition. Les pouvoirs publics ont préféré la politique de l’autruche. Ils sont maintenant obligés de faire payer l’addition soit aux retraités, soit aux travailleurs et futurs travailleurs. Gageons que le sort tombera une fois de plus sur le petit mousse. Tant qu’à faire, autant que ce soit franchement : des cotisations immédiates plutôt qu’un accroissement indéfini de la dette sociale, cadeau de nos gouvernants à chaque nouveau-né. Et espérons que, dans la foulée du rapport du COR, on finira par lancer les études en vue d’une réforme systémique – parce que nos jeunes le valent bien !

Willy Pelletier Coordinateur général de la Fondation Copernic

On nous dit : « Soit l’augmentation de la durée de cotisation, soit la baisse du niveau des pensions. » Depuis 1993, les salariés ont récolté l’une et l’autre. Mais surtout, les deux tiers des salariés du secteur privé qui prennent leur retraite ne sont plus au travail. Ils sont au chômage, en maladie ou en invalidité. Avec un passage à 41 ans de cotisation, trois quarts de ces salariés se retrouveront dans cette situation. Allonger la durée de cotisation revient à augmenter la période de chômage, de maladie ou d’invalidité et donc à diminuer le montant des retraites. Car il faudra remonter aux années avant le chômage, la maladie ou l’invalidité pour trouver ces 25 meilleures années. Avec la réévaluation des salaires pris en compte pour le calcul de la retraite en fonction de l’évolution des prix et non plus des salaires, le montant de la retraite prendra un sacré coup. L’effet sera simple : une croissance exponentielle des retraités pauvres. Aujourd’hui déjà, plus de 1 million de retraités vivent sous le seuil de pauvreté et 50 % des retraités ont une retraite inférieure à 1 000 euros. C’est un choix de civilisation : la solidarité et son coût (en faisant contribuer employeurs et actionnaires) ou l’inégalité pour modèle ?

Pour en savoir plus

Retraites : annuités, points ou comptes notionnels ? Rapport du Conseil d’orientation des retraites. www.cor-retraites.fr.

Réforme des retraites : vers un big-bang ?, Jacques Bichot. www.institutmontaigne.org et Urgence retraites, éditions Seuil, 2008.

L’Avenir des retraites en France, après le rendez-vous manqué de 2008, Henri Sterdyniak. http://spire.sciences-po.fr/hdl:/2441/10041.

La retraite à 60 ans, à taux plein, est possible, L. Chaibi, G. Filoche et W. Pelletier. www.fondation-copernic.org.