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Enquête

“JE VEUX ÊTRE LE PRESIDENT DU POUVOIR D’ACHAT”

Enquête | publié le : 01.03.2010 | S. C.

Nicolas Sarkozy affirme avoir été élu pour « faire ce qu’il dit ». Sur la question du pouvoir d’achat, il tient parole. L’omniprésident ouvre le bal avec la loi en faveur du travail, de l’emploi et du pouvoir d’achat (Tepa) du 21 août 2007. Ce texte, à l’intitulé univoque, se distingue par un contenu fourre-tout. Les exonérations fiscales qu’il prévoit font grincer les dents, bouclier fiscal oblige. Par le plafonnement des impôts directs (y compris l’ISF) à 50 % du revenu des ménages, « on fait un cadeau fiscal aux plus aisés qui devra être financé par les plus pauvres. On assiste à un phénomène de solidarité inversée », note Éric Heyer, économiste à l’OFCE. En 2008, les 834 contribuables relevant de la dernière tranche de l’ISF ont ainsi perçu, en moyenne, 368 261 euros. Une somme plus modique, 580 euros, a renfloué le porte-monnaie de 8 338 contribuables.

La loi Tepa, c’est aussi la majoration de 25 % des heures supplémentaires pour les travailleurs et une exonération de charges pour l’employeur. Une ambition contrariée par la crise économique, qui favorise davantage le chômage partiel que les heures sup. D’après l’agence des organismes de sécurité sociale, les heures supplémentaires flirtent avec les 186 millions au 4e trimestre 2008. Elles ont chuté à 176 millions au 4e trimestre 2009.

Et les Français râlent. Leurs poches se vident. Même les députés UMP estiment qu’à crise exceptionnelle mesure exceptionnelle. Ils prônent la mise entre parenthèses provisoire du bouclier fiscal. Sourd aux critiques, le président s’appuie sur l’Insee. « Malgré la crise, en 2009, le pouvoir d’achat a continué à progresser. C’est pas moi qui le dis, ce sont les statistiques qui le disent. C’est pas rien ! » tonitrue le chef de l’État. Au troisième trimestre 2009, le pouvoir d’achat des ménages augmente de 0,8 %. Une hausse qui devrait se poursuivre début 2010 avec + 0,7 %. En 2010, année de lutte européenne contre la pauvreté et l’exclusion sociale, le mieux-vivre des Français ne fait plus partie des priorités gouvernementales. Le célèbre « travailler plus pour gagner plus » cède la place à un vieux cheval de bataille : la résorption du chômage. Un objectif dont Christine Lagarde, ministre de l’Économie, salue l’ambition lors de la présentation de ses vœux à la presse, avant d’ajouter que « l’emploi sera le baromètre d’une reprise réussie ». Peu importe le niveau de vie des Français tant qu’ils ne pointent pas à Pôle emploi.

Mais les travailleurs pauvres sont légion. D’après une étude de l’Observatoire de la pauvreté et de l’exclusion sociale publiée en 2009 – relative à l’année 2006 –, la France compte entre 1,7 et 3,7 millions de travailleurs indigents. Les dépôts de dossier de surendettement ont grimpé de 17 % en juin 2009 par rapport à l’année précédente. Malgré les pâles perspectives de reprise économique, plus 1,4 % du PIB d’après le ministère du Budget, la crise poursuit son œuvre destructrice. Et, sur ce point, aucune réforme n’est en vue.

Loi Tepa du 21 août 2007 : inéquitable

Auteur

  • S. C.