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Un Ch’ti pour défendre les salaires d’Ikea

Actu | Eux | publié le : 01.03.2010 | A. F.

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Un Ch’ti pour défendre les salaires d’Ikea

Crédit photo A. F.

Ikea n’est plus un modèle social. » Salvatore Rinoldo, le délégué central CFDT du vendeur de meubles suédois qui a connu une série inédite de débrayages depuis son implantation dans l’Hexagone en 1981, n’en démord pas. Vendeur depuis près de vingt ans au rayon textile, il a son curseur interne. « Lorsque j’ai été embauché, le 21 juillet 1991, le minimum salarial chez Ikea se situait 17 % au-dessus du smic, contre 8,9 % aujourd’hui. À l’époque, Ikea voulait se démarquer socialement et faire mieux que ses concurrents, leaders du marché. » Cela n’a pas échappé alors au tisserand ch’ti d’origine sicilienne en quête d’emploi après avoir enchaîné deux licenciements en cinq ans. D’abord à l’usine textile Louis Lepoutre, où il était entré à 16 ans, puis chez un sous-traitant automobile du Lyonnais pour lequel il avait quitté son Hénin-Beaumont natal, dans le Pas-de-Calais : « Après deux ans et demi de chômage, plus de 300 candidatures, cinq ou six réponses à peine, on n’hésite plus. » Alors, oui, l’embauche à 35 ans au magasin Ikea de Saint-Priest a fait office de planche de salut pour ce fils de mineur de fond. Même s’il fallait quitter l’industrie pour l’inconnue des services. Mais le cédétiste, encarté depuis ses 19 ans, s’est découvert un « goût du contact ». Surtout, compensant une paie pas si mirobolante, il y avait les larges augmentations (24 % les quatre premières années), les avantages sociaux (participation, intéressement, mutuelle) etletempsde travail : 36 heures 75 payées 39, puis 33 heures modulables, sans baisse de salaire, lorsque les lois Aubry ont pointé leur nez.

Une époque révolue, depuis qu’Ikea (8 800 salariés dans 23 magasins) a détrôné Conforama. Symbole, l’accord RTT révisé à la hausse depuis 2007, à 35 heures modulables, n’est pas respecté. « Heures à récupérer, délai de prévenance en cas de changement horaire, les magasins font n’importe quoi, surtout les premiers mois d’ouverture. » Au point que la CFDT, seule signataire de l’accord, menace depuis fin 2009 de le dénoncer. Depuis 2008, le premier syndicat du groupe est déjà engagé dans un bras de fer juridique pour lever l’opacité sur les rémunérations des cadres dirigeants qui se seraient alors partagé une prime de 108 millions d’euros. Dans ce contexte, alors que la filiale française a fait 52 millions de bénéfices en 2009, les négociations salariales ont mis le feu aux poudres, l’intersyndicale réclamant 4 % de hausse quand la direction s’arc-boutait sur 2 %. Elle a fini par reconnaître « la crise de croissance après un développement très rapide » et a ouvert un chantier sur les conditions de travail, vieille exigence cédétiste.

SALVATORE RINOLDO

Délégué syndical central CFDT d’Ikea, 54 ans.

1972

Devient tisserand à 16 ans.

1975

Adhère à la CFDT.

1987

Licencié.

DE 1988 À 1991

Magasinier chez un sous-traitant automobile.

1991

Vendeur chez Ikea à Saint-Priest (69).

Auteur

  • A. F.