Avec la « démarche compétences », les entreprises se sont depuis peu trouvé une nouvelle antienne. Mondialisation oblige, tout va plus vite, et la qualité essentielle est aujourd'hui de savoir s'adapter, rapidement, aux dernières innovations et aux exigences des clients. Les salariés sont dorénavant considérés comme le vrai moteur de l'entreprise. Ce sont eux qui, en mettant régulièrement à jour leurs compétences, permettent à l'entreprise de rester dans la course.

Du coup, les organisations connaissent une véritable révolution : les activités ne sont plus découpées en postes de travail, comme aux belles heures du taylorisme, mais en lignes de métiers. Les entreprises élaborent des référentiels de compétences qui précisent désormais, pour chacun de leurs salariés, les aptitudes à développer. Un travail de longue haleine mené par les DRH ou les services de formation, avec, bien souvent, la participation des salariés. Leur collaboration s'avère en effet indispensable pour construire un système pertinent et, surtout, susciter leur adhésion.

Cette dernière est en effet essentielle à la réussite de la démarche. Encore faut-il qu'il y ait des contreparties. Donnant-donnant, exigent, logiquement, les salariés : d'accord pour fournir un gros effort si l'entreprise récompense les progrès. L'évaluation des compétences joue là un rôle déterminant. Avec des dispositifs plus objectifs et plus lisibles, managers et salariés sont a priori mieux outillés, et le cadre de l'entretien est désormais fixé pour éviter les jugements à l'emporte-pièce. Mais, dans les faits, la subjectivité a la vie dure.

Surtout, les salariés réclament une véritable reconnaissance de leurs nouvelles compétences pour pouvoir évoluer, sans frein, dans l'entreprise ou à l'extérieur, car, dans bien des cas, ce volet est tout simplement « oublié ». Et les nouveaux dispositifs de validation des acquis professionnels, élaborés par l'État ou les CCI, n'ont pas encore fait leur preuve. Côté rémunérations, enfin, certaines entreprises, qui lient hausse de salaire et acquisition de compétences, profitent de la démarche pour avancer dans leur politique d'individualisation. Une tactique qui trouve ses limites dans l'inflation de la masse salariale. En attendant, leurs salariés sont plutôt satisfaits d'augmentations qu'ils n'auraient jamais obtenues par la négociation.