Inutile de chercher d’explication à la crise actuelle. C’est de l’économie mondiale en mouvement, tantôt libératrice, tantôt aliénante lorsqu’elle exige des salariés un investissement total, que nous parle Pascal Rambert dans son dernier, et époustouflant, spectacle. À son habitude, le metteur en scène et directeur du Théâtre de Gennevilliers y déploie son art de l’ébranlement. Explosant les cadres narratifs, convoquant musique, chant et danse, mélangeant paroles savantes et vie à l’état brut, l’Histoire et l’intime…

Le fil rouge est tiré par Éric Méchoulan, directeur du programme Esthétique et Économie politique au Collège international de philosophie, qui réinvente tous les soirs son discours. Il décrypte les saynètes illustrant, sans ordre chronologique, des moments clés de l’histoire économique (la Coffee House de Mr Lloyd à Londres, première bourse d’échange, l’économie du don aux îles Samoa…) et élargit le propos. En évoquant le lien fusionnel entre échanges économiques et humains, il déambule sur le vaste plateau dépouillé où ne reste que la posture active des comédiens et des non-professionnels (issus d’ateliers d’écriture ou de l’École nationale de musique), qui miment chacun des gestes quotidiens ou se retrouvent dans des séquences chorégraphiées. Un bijou en constante élaboration.

Une (micro) histoire économique du monde, dansée (1 h 30), de Pascal Rambert. Jusqu’au 20 février au Théâtre de Gennevilliers (92).