Une nouvelle fois, c’est à un thème passionnant que la revue Droit social a consacré un récent colloque : vie professionnelle et vie personnelle. Dans son avant-propos, Jean-Emmanuel Ray cadre bien les débats en analysant le glissement d’un droit des travailleurs aux droits de la personne au travail. Une évolution qui soulève de multiples problèmes pour le juriste, mais qu’ont accélérée de manière spectaculaire les technologies de l’information et de la communication. Le sujet inspire une remarquable analyse à l’ancien doyen de la Cour de cassation, Philippe Waquet, qui pointe « le retour insidieux du pouvoir patronal dans la vie personnelle » et s’alarme de la disparition de plus en plus fréquente du cantonnement de la durée du travail et de la menace pesant sur le droit au repos journalier et hebdomadaire.

Droit social, janvier 2010.

L’Europe sociale n’est pas un vain mot, font valoir Franck Cochoy et Janine Goetschy, qui analysent un demi-siècle de construction sociale européenne. Mais, au cours de la dernière période de l’édification de cette Europe sociale, qui va du traité d’Amsterdam de 1997 au traité de Lisbonne, on est passé d’« une optique de droit social européen à une optique de gouvernance européenne fondée sur la coordination des politiques nationales ». Dans la foulée, Arnaud Mias décrit la structuration de l’action syndicale au niveau européen, Élodie Béthoux évalue la marge de manœuvre des comités d’entreprise européens face aux restructurations et Bruno Palier compare l’approche des différents pays membres à l’égard de l’État providence. Un très bon cru.

Sociologie du travail, octobre-décembre 2009.

Rappelant qu’il existe, dans la loi, 18 critères discriminatoires, la revue s’interroge sur les possibilités de dégager un véritable « management de la diversité ». Vincent Calvez, professeur à l’Essca, se livre à une comparaison internationale de la manière dont la question de la discrimination au travail se pose, ou ne se pose pas. Jean-Pascal Thibault fait le point de la réglementation, fortement influencée par le droit communautaire, constatant que « l’égalité de traitement est enchâssée par l’égalité des chances, qui est elle-même enchâssée par la diversité ». Les handicapés, les seniors et les femmes, confrontées à l’implacable « plafond de verre », ont droit chacun à une contribution particulière.

Humanisme et entreprise, décembre 2009.

Sur quoi les économistes font-ils des impasses ? C’est la question que se sont posée les auteurs de ce dossier sur « les impensés de l’économie ». Laurence Fontaine se demande parallèlement comment concilier de façon optimale démocratie et marché. S’interrogeant sur le destin économique des sociétés modernes, le philosophe Marcel Hénaff souligne que « ni l’économique en général ni le marché en particulier » ne répondent à la définition de « fait social total ».

Esprit, janvier 2010.