Quand Jacques Attali se demande à quoi pourra ressembler le monde de l’après-crise, il ne pèche pas par optimisme : « Nos systèmes sociopolitiques ne font rien, absolument rien de sérieux pour écarter les menaces qui pèsent sur la survie des individus, des entreprises, des nations, de l’humanité même. » Le pire, c’est qu’ils n’y sont aucunement incités : « Le marché n’a aucun intérêt à leur effacement pour pouvoir allouer plus efficacement selon ses intérêts les ressources rares. » Ceux qui voudront survivre à travers les risques de la prochaine décennie – le chômage, la faillite, le déclin – devront donc admettre qu’ils ne doivent plus rien attendre de personne.

Si la première partie est un tableau brillant de la situation mondiale après l’explosion de la bulle du crédit à l’automne 2008, l’auteur privilégie l’approche sociale et sociétale lorsqu’il passe à l’après-crise. D’abord pour décrire les grandes tendances qui éclairent notre avenir à long terme : l’explosion démographique, le bouleversement des nanotechnologies et des biotechnologies, la montée du pouvoir des consommateurs et de la gratuité… Après avoir livré des principes de vie qui constituent une sorte d’hygiène de la crise, comme le respect de soi, la résilience, l’intensité ou l’empathie, Attali les appliquent aux « gens », aux entreprises et aux nations. La même grille vaut pour l’humanité, qui doit apprendre à se respecter, à montrer de l’empathie pour la survie des autres espèces, savoir se projeter dans le long terme, faire preuve de créativité pour transformer en opportunités les menaces qui planent sur son existence et enfin accepter une vraie révolution dans sa gouvernance. Pessimiste quant à notre situation, Jacques Attali est finalement bien optimiste quant à nos capacités.

Survivre aux crises, Jacques Attali. Éditions Fayard. 300 pages, 14,90 euros.