Du passé, faisons table rase ! Le bureau confédéral CGT version 2010 ne ressemble en rien au précédent. Resserrée à huit membres, contre douze auparavant, l’équipe ne comporte pas moins de cinq petits nouveaux. Parmi lesquels trois secrétaires généraux de fédération : l’infirmière Nadine Prigent (Santé et action sociale), la vendeuse de chaussures Michèle Chay (Commerce) et le technicien verrier Mohammed Oussedik (Verre et céramique).
Des syndicalistes aux parcours très variés. À 51 ans, la première prépare sa succession à la tête de son organisation, l’une des plus grosses de la CGT, qu’elle dirige depuis 2000. Salariée du groupe Vivarte, la deuxième (48 ans) n’a pris les rênes de la stratégique Fédération du commerce qu’en 2007, avec la ferme intention d’y développer la syndicalisation. Quant au troisième (39 ans), issu de Saint-Gobain, il prépare la fusion de son organisation avec celle de la Construction du charismatique et moderniste Éric Aubin. Qualifié d’étoile montante à Montreuil, ce pragmatique en connaît parfaitement les coulisses pour avoir présidé la commission dite FNI, chargée de mutualiser une partie des cotisations.
Autres nouveaux entrants, Agnès Le Bot (40 ans) et Philippe Lattaud (49 ans). Pure apparatchik, la première dirige le comité régional CGT du Nord-Pas-de-Calais depuis 2007 (voir aussi page 29). Beaucoup plus expérimenté, le second fait partie des oiseaux rares à posséder une double casquette sectorielle et géographique. Patron de l’UD du Val-d’Oise depuis 2003, cet agent commercial d’EDF s’est frotté au travail dominical et aux conflits des sans-papiers. Un vrai changement avec ses fonctions antérieures à la Fédération de l’énergie, alors pilotée par le réformiste Denis Cohen, où il s’occupait des questions d’encadrement. Novice au bureau confédéral – seule Nadine Prigent y a siégé le temps d’un mandat, entre 1999 et 2002, sans y être très active –, le club des cinq ne découvre pas pour autant le travail confédéral. Hormis Philippe Lattaud, tous appartenaient déjà à la commission exécutive sortante. Indispensable. Car Bernard Thibault prend un sacré risque en bousculant à ce point son équipe, qui ne compte que deux survivants : l’administrateur de la CGT, Michel Donnedu, prié de préparer sa succession, et la Savoyarde Agnès Naton, chargée de la presse, arrivée à Montreuil voilà seulement trois ans. Un grand coup de balai qui fait craindre à certains une centralisation du pouvoir et à d’autres un affaiblissement de la maison, orpheline de ses deux poids lourds, Jean-Christophe Le Duigou et Maryse Dumas.
Deux menaces auxquelles s’ajoute une incertitude. Celle qui plane sur le rôle du nouveau bureau confédéral. Car Bernard Thibault entend faire des 54 membres de la nouvelle commission exécutive la véritable équipe de direction de la confédération. En cantonnant le bureau à un rôle d’animation et de préparation des débats et des dossiers. Une nouvelle gouvernance, déjà amorcée lors du précédent mandat, qui comporte au moins un avantage majeur. Celui de laisser à Bernard Thibault les mains totalement libres pour dénicher celui ou celle qui, dans trois ans, devrait avoir la lourde tâche de lui succéder.