C’est un grand commis de l’État qui a débarqué, mi-novembre, au rez-de-chaussée de la maison de la RATP pour piloter le département gestion de l’innovation sociale. Autrement dit, la DRH de l’entreprise de transport. Le choix de cet énarque, qui n’avait encore jamais quitté le giron de l’État au cours de sa carrière, a de quoi surprendre. « Il a tout à découvrir de l’entreprise », estime l’un de ses futurs interlocuteurs syndicaux. L’intéressé n’en disconvient pas, mais fait remarquer qu’il a une certaine expérience de la négociation sociale. « Je suis issu d’un univers où la GRH est encadrée par les statuts des personnels, mais je suis fier d’avoir contribué à développer le dialogue social au sein de la fonction publique », explique-t-il. Ancien DRH au ministère de l’Intérieur, puis DG de l’administration et de la fonction publique, il revendique cinq accords signés avec une majorité des syndicats représentatifs, dont le dernier, adopté juste après son départ, devrait permettre à l’État de rattraper son retard sur la santé et la sécurité au travail. « Il aime débattre et sait écouter ses interlocuteurs », estime Edmond Aïchoun, du syndicat FO des personnels de l’administration centrale du ministère de l’Intérieur et de l’Outre-Mer. « Il est très soucieux du dialogue social et maîtrise toujours ses dossiers », insiste Jean-Marc Canon, de l’UGFF CGT.
Ce goût pour le dialogue devrait être utile à ce sportif qui ne dédaigne pas le vélo pour se rendre au bureau. Le plan d’entreprise 2008-2012 prévoit de transformer la RATP en un groupe mondial capable de répondre à des appels d’offres partout dans le monde. D’où une recherche systématique de productivité pour atteindre « un rapport qualité-prix comparable à celui des concurrents potentiels ». D’ici à 2012, Pierre Mongin, le président de la RATP, veut obtenir des gains de productivité de 2 % par an. Un objectif qui suscite les interrogations des organisations syndicales. Lesquelles évoquent à terme un scénario à la France Télécom, avec ouverture du capital au privé. « La mission du nouveau DRH sera d’accompagner le changement et de faciliter les efforts demandés au personnel. Cela nous promet des moments de tension », pronostique Philippe Touzet, de SUD RATP. Dans l’immédiat, Paul Peny va s’attaquer à la préparation des négociations salariales, l’accord triennal arrivant à son terme. Les élections professionnelles de décembre 2010 seront aussi un sujet de préoccupation. Il faudra du doigté au nouveau DRH pour éviter que les petits syndicats, qui risquent de disparaître faute d’atteindre les 10 % de suffrages, ne se lancent dans la surenchère.
49 ans.
1995-1997
Conseiller technique au cabinet du ministre de la Fonction publique.
2001-2005
Ministère de l’Intérieur. Direction des personnels.
2005-2009
Directeur général de l’administration et de la fonction publique, ministère du Budget et de la Fonction publique.
