Les mentalités ont-elles évolué sur l’emploi des seniors ?

Dans les années 90, les CV des quinquas étaient tous envoyés à la poubelle. La retraite à 55 ans était présente dans tous les esprits. Aujourd’hui, la situation est contrastée. Le chômage des cadres est bas, autour de 3,8 %. Mais les autres seniors sont englués dans le chômage massif. Et la crise a aggravé la situation. Un senior non-cadre licencié ne peut plus retrouver du travail, à moins de créer sa propre activité grâce au régime de l’autoentrepreneur.

Taxer les entreprises n’ayant pas pris de mesures en faveur des seniors, comme le stipule le décret n° 2009-560 du 20 mai 2009, sera-t-il suffisant pour améliorer leur sort ?

J’en doute. Les entreprises feront un plan seniors pour être en règle, mais le recrutement des seniors n’augmentera pas. Il n’y a déjà pas suffisamment de postes pour les gens plus jeunes.

Les spécialistes du recrutement n’ont donc rien à espérer de l’entrée en vigueur de ce texte ?

Non. En revanche, leurs confrères spécialisés dans la GRH ou la formation pourront peut-être en profiter. Le décret énumère les mesures d’un plan pour les seniors, parmi lesquelles le développement des compétences et des qualifications, l’anticipation des évolutions de carrière ou l’amélioration des conditions de travail. Les plans seniors pourraient renouveler le recours aux cabinets de conseil RH.

En quoi la situation des cadres seniors est-elle meilleure ?

Sur le plan des créations d’emplois, elle est identique à celle des non-cadres. La crise a cassé le recrutement, mais la réduction des équipes a créé de forts besoins en management de transition. L’intérim cadre s’est développé et profite à plein aux seniors, qui sont mieux armés pour accepter une mission d’expertise technique ou la prise en charge temporaire d’une équipe. Ils sont plus expérimentés et plus résistants au changement. Ils ont aussi l’avantage d’être plus libres de leurs mouvements car leurs enfants sont grands.

Pensez-vous qu’une amélioration du taux d’emploi des seniors est possible actuellement ?

Ce serait étonnant. Avec la crise, la majorité des entreprises ont cessé de recruter. Celles qui continuent privilégient l’embauche de juniors pour soigner leur pyramide des âges. Le gouvernement est volontaire sur le sujet, mais il ne peut modifier les mentalités d’un coup de baguette magique.