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Idées

Requiem pour les classes moyennes

Idées | Livres | publié le : 01.11.2009 | Jean Mercier

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Requiem pour les classes moyennes

Crédit photo Jean Mercier

La société est en train de vivre une transformation dont l’ampleur équivaut à celle de la première révolution industrielle, à la fin du xixe siècle. La victime de ce grand chambardement, c’est la classe moyenne, ciment et poutre maîtresse de nos sociétés modernes. Pour Jean-Marc Vittori, éditorialiste aux Échos, tout ce qui se trouve au milieu n’a plus guère sa place dans l’économie façonnée par les nouvelles technologies de la communication. L’organisation sociale est en train de passer d’une structure en pyramide, « dont les classes moyennes formaient sans doute les deux tiers ou les trois quarts », à une forme en sablier. Comment expliquer cette évolution ? La faute à l’ordinateur et à Internet. « Dans la hiérarchie sociale, la machine rapprochait le bas du haut, l’ordinateur éloigne le haut du bas. » Ce nouvel outil a conduit les entreprises à changer radicalement de type d’organisation. Désormais, on écrase les niveaux intermédiaires, on externalise, les organigrammes varient en fonction des projets, le maître mot est celui d’autonomie. « L’entreprise n’étire pas seulement son organisation, constate l’auteur, elle étire aussi son offre. Les classes moyennes disparaissent de son organigramme… et de son catalogue de produits ou de services. » Désormais, on gagne son argent dans le low-cost ou le luxe, de moins en moins entre les deux. Le consommateur accélère le mouvement en faisant des choix plus ouverts et plus arbitraires qu’auparavant : « McDo ou restaurant de luxe, mais plus l’auberge à la bonne franquette. » Les conséquences de ces nouveaux comportements sont lourdes pour l’emploi. Il y a de moins en moins de certitude pour le salarié d’une amélioration continue des revenus et des conditions de travail. « En une décennie, 22 millions de Français sont passés un jour ou l’autre par la case chômage », note Jean-Marc Vittori. Le ralentissement de la croissance accentue le trait, ce qui provoque une montée de l’anxiété sans précédent depuis les années 30. Cette formidable mutation menace l’avenir de la protection sociale, fondée sur une logique d’assurance qui ne marche plus face à la polarisation de la société. Et pose un problème politique majeur, car les classes moyennes formaient les gros bataillons du soutien à la démocratie. On le voit, cet ouvrage ouvre de vastes interrogations. Il souligne que rien n’est joué d’avance et que si la société du sablier sera certainement « plus dure, plus inégalitaire », elle offrira aussi plus de mobilité et de liberté.

L’Effet sablier, Jean-Marc Vittori. Éditions Grasset. 120 pages, 9 euros.

Auteur

  • Jean Mercier